Mardi, lors d'une vente aux enchères à Nice, un manuscrit autographe attribué à Philippe Pétain n'a finalement pas trouvé acquéreur, bien qu'il ait été adjugé à 80 000 euros. L'unique acheteur s'étant rétracté peu après la clôture de la vente, le document reste sans preneur.
Organisée par une maison d'enchères locale, cette mise en vente survient après une longue bataille judiciaire de dix ans. En 2014, Sotheby’s avait annulé une première tentative de vente, arguant d'une expertise mettant en doute l'authenticité du manuscrit.
La propriétaire du document, estimé à l'époque entre 250 000 et 350 000 euros mais réévalué aujourd’hui entre 80 000 et 150 000 euros, avait alors décidé d'attaquer Sotheby’s et son expert. Après un premier revers judiciaire en 2019, elle avait finalement obtenu gain de cause en appel en 2021, la justice jugeant irrecevable l'expertise contestée. Cette décision avait été confirmée en cassation en 2023.
Ce manuscrit de 351 pages, divisé en 47 chapitres et orné de 77 croquis à l’encre, constitue un témoignage minutieux des combats de la Grande Guerre. Il décrit en détail les stratégies militaires, les mouvements de troupes, les percées et les défaites, tout en dressant un bilan humain des batailles.
Bien que non signé de la main de Pétain, ce document aurait été rédigé entre 1919 et 1923. Il fut redécouvert en 2006 par Jean-Jacques Dumur, un ancien militaire, chez une femme résidant près de Saint-Gaudens, dans les Hautes-Pyrénées. Celle-ci lui avait demandé de trier sa bibliothèque.
"J’ai tout de suite vu que cela avait été rédigé par une autorité de la Grande Guerre et, après des recherches et deux expertises, il s’est avéré que cela avait été écrit par Pétain", explique-t-il.
L'origine du manuscrit reste nimbée de mystère. "L’hypothèse historique, c’est que le père de cette dame, un maçon italien réfugié sur la Côte d'Azur en 1939, aurait pu le récupérer à Villeneuve-Loubet, près de Nice, où le maréchal Pétain possédait une villa, au moment où ce dernier commençait à rencontrer des difficultés et cherchait peut-être à mettre ses biens à l’abri", précise Jean-Jacques Dumur.
Devenu le mandataire de la propriétaire, cet ancien officier a consacré dix-huit années à faire authentifier ce document.
(Avec AFP)