Deux familles endeuillées par des accidents impliquant des conducteurs sous l’emprise de l’alcool et de la drogue témoignent, alors que l’Assemblée examine une proposition de loi visant à créer une infraction distincte d’homicide routier.
Noé, 16 ans, fauché sur la route : « Tout est volontaire dans ce qu’il a fait »
Noé Guez rêvait des Jeux olympiques. À 16 ans, ce jeune sportif venait d’intégrer l’équipe de France juniors de tir. Il a été tué en juin 2022 à Antibes (Alpes-Maritimes), percuté par l’arrière alors qu’il conduisait une voiture sans permis. Le chauffard roulait à plus de 110 km/h sur une portion limitée à 70, sous l’emprise de l’alcool et de la cocaïne.
« Peut-être que c’est l’instinct d’une mère, mais j’ai de suite compris que c’était vraiment très, très grave », se souvient Marceline Guez, sa mère, encore bouleversée.
Le conducteur, âgé de 45 ans, a été condamné en juillet 2024 à cinq ans de prison. Il était récidiviste : arrêté un an plus tard au volant, malgré une interdiction de conduire.
« Il a été jugé pour homicide involontaire, mais tout est volontaire dans ce qu’il a fait », déplore le père, Yvon Guez. « On ne va pas au tribunal pour prendre des coups sur la tête ».
Marceline Guez espère que la création d’un délit d’homicide routier permettra de changer les choses : « Ne plus dire que c’est involontaire est un pas énorme. Ça va sauver des vies. »
Martine, 62 ans, percutée à moto : « L’injustice me ronge autant que le chagrin »
En septembre 2022, Martine Tondeur, 62 ans, rentre à moto de son travail dans une crèche à Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône), quand elle est violemment percutée par un automobiliste alcoolisé, sans permis depuis quatre ans.
Son fils, Damien Lorinet, 34 ans, se bat depuis pour faire reconnaître la gravité de ces actes : « Je pense autant à ma mère qu’à l’injustice qu’on a vécue. Ce type avait tout pour provoquer la mort de quelqu’un ».
Le chauffard est condamné une première fois à quatre ans de prison. En juillet 2024, lors d’un second procès, la peine est réduite à trois ans ferme.
« C’est limite si l’alcool devenait une circonstance atténuante. Les juges s’en fichent, c’est banal pour eux », déplore-t-il.
Damien a perdu sa mère, mais aussi ses grands-parents, décédés peu après. « Ce type a détruit toute notre famille », confie-t-il.
Une loi pour « nommer » l’irréparable
Portée par le député LR Éric Pauget, la proposition de loi entend qualifier distinctement les cas de conduite sous alcool ou stupéfiants ayant causé la mort. Elle est examinée cette semaine en deuxième lecture à l’Assemblée nationale.