Extraits - Ce sont des propos qui, à coup sûr, feront polémique. Déjà parce qu'à Nice, ils sont de nature à rouvrir des plaies à peine pansées.
Plus de cinq ans après la drame, l'ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve attaque violemment Christian Estrosi, alors premier adjoint à Nice et président de la Région. (MAJ : l'intéressé a répondu, dans les colonnes de "Nice-Presse" ce 1er février)
D'après le socialiste, dans son livre "Le Sens de notre nation" (Stock), le maire actuel aurait volontairement propagé de "fausses informations" sur l'attentat de la Promenade des Anglais. 3 passages marquants.
1. "On tente de me manipuler"
"Lorsque j’atterris […], Christian Estrosi m’attend à la coupée de l’avion", note Bernard Cazeneuve. "Il se montre immédiatement hostile. Il me dit avoir eu François Hollande au téléphone, qui lui aurait confié que l’agresseur venait de la région parisienne et qu’il était arrivé à Nice quelques heures avant l’attentat. Je m’isole pour appeler le président de la République qui tombe des nues. D’emblée, je ressens qu’on cherche à me manipuler."
"Les précédents attentats avaient provoqué chez moi un immense chagrin. S’y ajoute cette fois-ci un sentiment de profond malaise" rapporte l'ancien ministre quelques lignes auparavant.
2. "Il voulait détourner l'attention"
C'est peut-être l'accusation la plus grave du socialiste : M. Cazeneuve estime, à mots à peine couverts, que Christian Estrosi aurait tenté de dissimuler des informations clés sur l'attentat.
Comment peut-il se lancer une charge aussi violente ? Il n'est pas précisé dans le livre d'où il peut bien tirer ce sentiment.
"Je pense que le maire de Nice (M. Estrosi était premier adjoint le 14 juillet 2016, pas maire ndlr), soit parce qu’il disposait déjà d’informations, soit par intuition, savait, dès cet instant, que le camion du terroriste pouvait avoir été repéré, bien avant le drame, par les caméras de surveillance de la Ville."
"Au moment des attentats de Paris, il avait imprudemment déclaré que, dans une ville aussi bien protégée que la sienne, jamais de tels drames n’auraient pu se produire. Attaquer frontalement l’État, mettre en cause sur-le-champ la police nationale, abaisser le préfet, salir du même coup le ministre de l’Intérieur, était donc pour lui une manière de détourner l’attention."
3. Des "failles" de sécurité
"Nice avait été frappée mais, dans son esprit, il importait d’abord que son maire demeurât, par principe, intouchable. En fait, il ne l'était pas plus que je ne l'étais moi-même. Peut-être y avait-il eu des failles dans la sécurisation de la Promenade des Anglais, peut-être étaient-elles imputables à l’État, mais c’était à l’enquête de le démontrer et aux responsables publics de garder leur sang-froid et de faire montre de dignité. Dans un contexte où plus de quatre-vingts victimes venaient de tomber sur cette avenue, toute polémique était une faute."
"Tout tendait à me faire comprendre que Christian Estrosi n’avait pas agi sous le coup de l’émotion (…) Pas un seul jour ne s’est passé, après l’attentat, sans qu’il distille dans la presse – "Libération" et le "JDD" en l’espèce – des informations fausses et frelatées, toutes destinées à montrer que la police nationale n’avait pas fait son travail, que le préfet qu’il poursuivait de sa vindicte était incompétent, que le ministre de l’Intérieur était un menteur."