Il est par-tout. Chaque semaine, il prend de nouvelles décisions remarquées contre l'épidémie de coronavirus : couvre-feu, surveillance par drones, "désinfection" des rues à la Javel, campagne de pub choc, chloroquine au CHU,… À lui seul, Christian Estrosi montre tout ce que les élus locaux peuvent monter comme actions concrètes, en lieu et place d'un État central qui semble dépassé par les événements depuis de (trop) nombreuses semaines.
Et tant pis s'il faut parfois "être à la limite de la légalité" pour répondre à la crise, glisse le maire de Nice dans "Le Figaro".
Le "papa de tous ses concitoyens" doit tout faire pour sauver des vies dans sa cité… surtout qu'il sait de quoi il parle. Le virus, tenace, violent, il l'a eu. C'était le lendemain du premier tour des élections municipales, le 16 mars dernier. La mairie annonçait la maladie de Christian Estrosi, en insistant sur "sa forme physique". En réalité, dans les premiers jours, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy est "cassé, totalement à plat". Mais pas vaincu.
Bond de popularité
Face aux tergiversations de l'État, le maire, qui a depuis repris du poil de la bête, est sur tous les fronts. L'exécutif freine des quatre fers sur les tests alors que les médecins préconisent un dépistage massif ? Estrosi ouvre un espace de tests par "drive" dans le centre-ville. Les policiers nationaux manquent de masques et la réponse du ministère de l'Intérieur se fait attendre ? C'est la Ville de Nice qui les équipe.
Une "hyper-action" pour un "hyper-maire", qui paie. Dans le dernier baromètre de popularité des politiques publié par "Paris Match", il engrange 11 points pour recueillir 37% de "bonnes opinions".
Ses initiatives font tâche d'huile en France. Les autres maires, lassés d'attendre un renfort national qui n'arrive pas, finissent par emprunter la voie ouverte par l'ancien champion de moto : "Un maire n'en fait jamais trop quand il est question de sauver des vies".
Une "surenchère"?
Du côté du gouvernement, on se garde bien de s'en prendre au très apprécié patron de la capitale azuréenne. Pas une critique ne filtre des bureaux ministériels. Mis à part du côté de Christophe Castaner, qui lui a interdit de rendre obligatoires les masques dans l'espace public avant le déconfinement. Le ministre de l'Intérieur aurait-il peur de céder la place Beauvau au Niçois ? Le doute est permis.
Les critiquent commencent pourtant à se faire entendre du côté de sa propre famille politique. À Antibes, l'ancien vice-président des Républicains Jean Leonetti a ainsi demandé au préfet des Alpes-Maritimes une "cellule de coordination" pour lutter contre "la surenchère de certaines communes."
"C’est l'un des maires les plus engagés"
Au Rassemblement national, on apprécie peu la mise en avant de la maladie du maire dans les médias. Selon Philippe Vardon, c'est aussi cela qui a aidé Christian Estrosi à gagner tant de popularité : "Il faut avoir conscience que cette enquête est d’ordre national, il y a un bénéfice qui est celui d’être vu à la télé. La France entière est au courant qu’il a été malade."
"Avoir été infecté est une bonne chose, il a eu les symptômes, il sait désormais comment on réagi face au virus" défend de son côté la députée LR Marine Brenier, proche parmi les proches du maire.
"Il a logiquement plus de recul sur la situation. Et puis on voit beaucoup de gens dans les médias qui ne montent pas pour autant dans les sondages…"
"C’est l'un des maires les plus engagés. Les administrations du Grand-Est, notamment, apprécient ce qui est fait à Nice et aimeraient que leur maire fasse la même chose. Je vous assure que ça ne se passe pas aussi bien ailleurs en France !" fait encore valoir l'élue azuréenne.

En faire autant peut-être, mais avec moins de caméras, raille le RN : "Il bénéficie d’une couverture médiatique impressionnante, on peut d'ailleurs s'étonner de le voir autant dans la presse. Il le doit peut-être aux réseaux médiatiques de son entourage très proche…" avance le conseiller régional Philippe Vardon, dans une allusion à peine voilée à l'épouse du maire, la journaliste de France 2 Laura Tenoudji.
"Il devrait prendre davantage exemple sur ce qui est fait ailleurs, avec plus d'anticipation et de préparation, avance encore l'élu frontiste. À Fréjus, ils ont déjà mis en place le dépistages des agents municipaux. Sans cela, aucun déconfinement n'aura de sens…"
Quelles leçons le maire va-t-il finalement tirer de cette épidémie, contre laquelle il aura été l'un des plus farouches combattants parmi les politiques ? "Il faudra, dès la sortie de crise, mettre sur la table une nouvelle grande loi de décentralisation" répond sans hésiter Christian Estrosi. Et si "l'hyper-action" du maire devenait la norme ?