Dans une tribune, le maire de Nice lance l'offensive contre le polémiste, décrit comme "le partisan d’une nationalité racialisée, rejetant de la communauté nationale quiconque n’aurait pas la peau suffisamment blanche". Au risque de se contredire ?
Pour l'ancien LR, la droite a "déserté le combat" contre Éric Zemmour, lequel ne serait "pas De Gaulle, à peine sa rature". Chez nos confrères ce dimanche 24 octobre, Christian Estrosi appelle ceux qui partagent ses valeurs à enfin "combattre de toutes (leurs) forces" l'écrivain.
"Lorsque j'entends Éric Zemmour se réclamer (de De Gaulle) et affirmer qu'il reconstruit le RPR, je ne ris plus. C'est l'indignation qui me submerge" note-t-il. "Il prétend que Pétain a sauvé les juifs de France. Honte à lui."
Toujours pas candidat à la présidentielle pour l'heure, l'intéressé est donné par les sondages au coude-à-coude avec Marine Le Pen pour disputer le second tour.
"Manque de courage"
Il "plaide pour la confusion des droites et certains, au sein de mon ancienne famille politique, pactisent avec cette folie. Il n'y a pas de continuum entre la droite républicaine et l'extrême droite, il y a une irréversible différence de nature" balaie le maire de Nice.
Avant de poursuivre son réquisitoire : "Il est le partisan d'une nationalité racialisée, rejetant de la communauté nationale quiconque n'aurait pas la peau suffisamment blanche."
"La droite, si elle avait un tant soit peu de courage, aurait pu et dû rappeler l'attachement des dirigeants du RPR puis de l'UMP au droit du sol" (voir encadré)
"Gaullistes, il ne nous faut pas simplement affirmer que nous n'avons rien à voir avec lui, ni avec ses anathèmes, c'est trop peu", juge celui qui a quitté Les Républicains en mai dernier. "Il faut les combattre de toutes nos forces, au nom du passé, au nom de l'avenir".
Le 6 octobre dernier, Christian Estrosi avait déjà vivement critiqué Éric Zemmour, à propos, notamment, de l'affaire des prénoms : "Ma dernière fille s'appelle Bianca. Mes petites-filles s'appellent Nora et Zelda. Est-ce que ce sont des Françaises de second rang ? Est-ce que je suis un moins bon Français que lui ?"
"Zemmour ne peut pas être l'appel du 18-juin, avait condamné le Niçois. Mais plutôt l'esprit de l'entrevue de Montoire" Laquelle a jeté les bases de la collaboration française avec Adolf Hitler le 24 octobre 1940.
Quelle cohérence ?
Dans les Alpes-Maritimes, les élus de droite ne se bousculent effectivement pas pour appeler à affronter le polémiste rangé à l'extrême droite. Éric Ciotti, député de la 1ère circonscription, assure même qu'il voterait pour lui dans un second tour qui lui opposerait Emmanuel Macron.
Et Christian Estrosi qui fait ainsi la leçon à tout le peuple de droite a dans son équipe municipale l'un des plus fervents supporters d'Éric Zemmour. Le 17 septembre, son adjoint chargé de la Circulation Gaël Nofri avait accueilli le presque-candidat pour un meeting à Nice, carrément en tant que "responsable du déplacement". Avec la bénédiction de… Christian Estrosi.
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Dans la presse, le premier adjoint Anthony Borré avait expliqué qu'aucune sanction ne serait prise contre les adjoints qui, au niveau national, ne soutiennent "ni l'extrême droite de Marine Le Pen, ni l'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon". Éric Zemmour, qu'il faut aujourd'hui "combattre de toutes nos forces" ne posait alors pas de problème. Il y a tout juste un mois.
La droite a-t-elle toujours défendu le droit du sol ?
En 2005, le ministre chiraquien François Baroin proposait de remettre en cause le droit du sol "dans certaines collectivités d'outre-mer confrontées à des politiques de peuplement non maîtrisées", comme Mayotte. Une mesure abandonnée après une mise en garde du Conseil d'État.
Avant cela, dans les années 1990, le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, après un premier échec en 1986, avait imposé qu'un enfant né dans notre pays de parents étrangers doive, à sa majorité, signer une "manifestation de volonté" pour devenir français. Mesure supprimée en 1998 par la gauche.
En 1991, la patron du RPR Jacques Chirac salue le "bon sens" de Valéry Giscard d'Estaing, qui appelle au "retour"… du droit du sang.
En 2010, Lionnel Luca tentait de rétablir dans un projet de loi sur l'immigration la "manifestation de volonté" comme condition d'accession à la nationalité… sans être soutenu par le gouvernement UMP. Pas étonnant, Nicolas Sarkozy étant un défenseur affirmé de ce principe : "Le droit du sol, c'est la France", réaffirmait-il face à Marine Le Pen en 2012.
Enfin en 2013, le président de l'UMP Jean-François Copé souhaitait "mettre fin à l'acquisition automatique de la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers", pointant notamment les "personnes en situation irrégulière"