Les acteurs de l'immobilier du monde entier convergent cette semaine vers Cannes, où se tient, du 11 au 14 mars, le salon Mipim. Cette édition met particulièrement en lumière la crise du logement qui touche de nombreuses métropoles européennes.
"On va revenir sur le sujet du logement, ça fait vraiment deux ans qu'on traite cet enjeu et avec un intérêt de plus en plus croissant", explique à l’AFP Nicolas Kozubek, directeur du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim).
Rendez-vous incontournable des investisseurs, promoteurs, aménageurs et gestionnaires de biens immobiliers, le Mipim débute lundi par une journée de pré-ouverture consacrée au logement.
De nombreux acteurs économiques et représentants publics, parmi lesquels les maires de Londres et de Hanovre, se réuniront pour discuter des solutions visant à rendre le logement plus abordable et mieux adapté aux évolutions démographiques.
D’après les données de l’Union européenne, en 2023, un citadin sur dix consacrait plus de 40 % de son revenu disponible à son logement. Entre 2015 et 2023, les prix immobiliers ont bondi de 48 % en moyenne au sein de l’UE, atteignant même le double, voire plus, dans cinq pays, dont le Portugal.
L’UE identifie plusieurs facteurs clés derrière cette flambée des prix : "la hausse des coûts de construction et des taux d’intérêt, la baisse de la construction, qui a limité l’offre, et l’augmentation des acquisitions immobilières ayant pour but d’investir et de générer un revenu supplémentaire".
Sur ces problématiques, Nicolas Kozubek salue la "présence un peu exceptionnelle" de plusieurs maires de grandes capitales européennes, dont Sadiq Khan (Londres), Jose Luis Martinez Almeida (Madrid), Roberto Gualtieri (Rome), Lars Weiss (Copenhague) et Haris Doukas (Athènes).
Il met en avant la volonté des élus "de discuter entre eux et avec des investisseurs et autres parties prenantes" sur les grands défis liés au développement urbain, à la transformation des villes et à l’hébergement d’une population en croissance. Un "sommet des dirigeants politiques" se tiendra mardi en comité restreint.
"Historiquement, il y a un appétit plus important pour d'autres classes d’actifs que le logement chez les investisseurs, mais la donne a un peu changé, avec l’attractivité remise en cause d’autres types de biens, notamment les bureaux" depuis le Covid et l’essor du télétravail, souligne Nicolas Kozubek.
Florence Semelin, directrice du département résidentiel du cabinet de conseil en immobilier JLL, confirme cette tendance : "Le résidentiel prend une part de plus en plus importante dans les portefeuilles globaux des investisseurs".
Elle précise qu’"avant, c'était les bureaux, mais aujourd’hui il y a un rééquilibrage, on parle de plus en plus de logement et c’est vraiment bien (…) compte tenu de l’absolue nécessité des individus à se loger".
Tous segments confondus, le marché immobilier demeure dans une situation complexe, comme depuis la fin de la crise sanitaire, rappelle Nicolas Kozubek. La conjoncture macroéconomique incertaine et les tensions géopolitiques ajoutent à ces difficultés.
Dès 2022, la guerre en Ukraine a fait bondir les coûts de construction. Puis, la hausse des taux d’intérêt a alourdi les charges d’emprunt, mettant en péril la rentabilité de nombreux projets.
Selon un rapport du cabinet Bain & Company publié en janvier, le secteur européen de la construction a traversé une "année désastreuse" en 2024, fortement fragilisé par les taux d’intérêt élevés et l’inflation. La construction résidentielle est la plus touchée.
L’instabilité politique, notamment en France et en Allemagne, incite également les professionnels de l’immobilier à la prudence.
"La conjoncture est délicate, mais demain, quand elle sera passée, les enjeux technologiques, environnementaux et sociétaux seront centraux", estime le directeur du Mipim. Des conférences aborderont ainsi des thématiques clés comme l’intelligence artificielle et la neutralité carbone.
Mardi, l’ancien président de la Banque centrale européenne et ex-chef du gouvernement italien, Mario Draghi, prononcera le discours d’ouverture du salon. Il reviendra sur son rapport concernant l’avenir de la compétitivité européenne
(Avec AFP)