Comme bien d'autres enseignes de "dropshipping", cette marque faussement prestigieuse vous promet des vêtements italiens de haute qualité, en réalité écoulés depuis la Chine. Décryptage d'une arnaque encore très répandue.
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C'est une tendance qui dure depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux : la mode des vêtements "old money", c'est-à-dire ceux de l'aristocratie, ou du moins de la bourgeoisie. Polos Ralph Lauren, pantalons en toile, mocassins… Sur TikTok, la "trend" dure. Et certains, malins, tentent d'en profiter.
Puisque les marques les plus implantées dans le domaine (Massimo Dutti, Lacoste…) ont un certain coût, on voit fleurir sur le web de nouvelles enseignes qui en sont fortement inspirées, et dont personne n'avait jamais entendu parler. Plusieurs d'entre elles vous promettent un look inspiré de ce qui se fait de mieux sur la Riviera et à Monaco.
C'est le cas de Valerio Verdi, un magasin en ligne qui multiplie les contenus vidéos pour promouvoir ses vêtements inspirés de la vie azuréenne et italienne. L'une de ses publicités a pu atteindre 850.000 personnes sur TikTok ! Vous ne connaissez pas cette marque ? C'est normal, elle n'existe pas vraiment.
Fausse qualité, vraie arnaque
Sur les réseaux sociaux, l'entreprise - dont on n'a pas trouvé d'existence légale - indique que ses vêtements proviennent d'Italie. Sur son site, qu'ils sont confectionnés avec du coton de la meilleure qualité. En réalité, bas-de-gamme, les produits viennent… de Chine.
Nice-Presse a enquêté sur ce qui est proposé chezValerio Verdi. Il s'agit, pour l'essentiel, de pièces achetées sur AliExpress ou Shein pour une bouchée de pain, et sur lesquelles une marge faramineuse est ensuite appliquée.
Quelques exemples. Un "Montecarlo Bracelet" doré est vendu, sur valerioverdi.com, 30 euros. Nous l'avons trouvé à trois euro sur un site chinois. Les polos à 60 euros sont disponibles à 16 sur Shein. La "Vintage Luxury Watch" à 80 euros est achetable à un prix quatre fois inférieur sur les plateformes asiatiques.
Chez Valerio Verdi :
L'original, asiatique :
Pull à 110 euros chez Valerio Verdi :
…quatre fois moins cher sur un site chinois
Valerio Verdi cavale en roue-arrière dans le n'importe quoi : certaines fiches-produits proposent une variété de photos qui ne correspondent pas au même vêtement. Sur la page d'accueil, le commerçant a publié des photos récupérées sur le blog de mannequins britanniques, qui portent des pulls que le site ne vend même pas !
Nous avons parcouru les mentions légales, et tenez-vous bien : "Nous ne sommes pas responsables si les informations mises à disposition sur ce site ne sont pas exactes (…) Nous ne garantissons pas que la qualité de tout produit (…) répondra à vos attentes, ou que toute erreur dans le service sera corrigée". Au moins, c'est clair. Sauf que la loi impose en réalité des critères d'honnêteté vis-à-vis du consommateur, dont la marque fait mine de s'exonérer.
Galaxie de sites-marchands similaires
Valerio Verdi n'est qu'une goutte d'eau, un site à la morale douteuse parmi des milliers d'autres. Il s'inscrit dans le développement, depuis dix ans, du dropshipping. En pratique, l'utilisateur lambda, qui n'a aucune connaissance en marketing ou en technologie, peut ouvrir son magasin en ligne avec des outils clés en main (et pas ultra regardant sur l'éthique !), tels que Shopify.
Les apprentis commerçants vont alors écouler en France des produits chinois. Libre à eux de les vendre à des prix improbables. Mentir sur la qualité et la provenance des biens est par contre absolument illégal. La répression des fraudes françaises indique que l'amende encourue peut atteindre 300 000 euros pour un particulier, 1,5 million pour une société.
Dans ce filon du dropshipping, beaucoup s'y sont engouffrés. Mais le système des influenceurs - leur principal relai de diffusion - étant en pleine décrépitude ces derniers mois, il ne reste plus qu'à ces sites de tenter de surfer sur des modes pour vous faire payer leur camelote. Valerio Verdi aura joué la carte de la Côte d'Azur.
Sollicitée vendredi 7 juillet via son adresse Gmail, la "marque" n'a pas répondu. Le support-clients renvoie vers un service inexistant.