La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) continue de voir tous les indicateurs au rouge et son président Pascal Boulanger a dit jeudi craindre encore plus de défaillances d'entreprises dans son secteur, en crise depuis deux ans.
Entre juillet et septembre, le cabinet Altares a recensé une hausse de 26% sur un an des défaillances d'entreprises du secteur de la construction, à 3.359. Parmi elles, les défaillances de promoteurs explosent de 85%, au nombre de 74.
"Et il y en aura encore", selon Pascal Boulanger.
La FPI constate un "assèchement plus que préoccupant de l'offre" de logements neufs en France, selon Didier Bellier-Ganière, délégué général de la fédération, qui espère que le troisième trimestre 2024 se confirmera comme un point bas pour la création de logements neufs.
Selon l'observatoire de l'immobilier de la FPI, publié jeudi, 8.693 logements ont été mis en vente au troisième trimestre en France, soit le trimestre le plus faible observé depuis 2010 et une baisse de 41% par rapport à 2023 et de 62% comparé à 2022.
Les promoteurs annulent de plus en plus de projets, faute de demande : au dernier trimestre, 32% des logements qui avaient été commercialisés ont été retirés par les promoteurs, un taux en hausse depuis fin 2022 et actuellement au plus haut.
"On a plus de deux fois moins d'offres que d'habitude mais on a deux fois plus de délai" pour écouler ces logements, preuve que la "demande s'est tarie", souligne Pascal Boulanger.
Compte tenu du faible nombre d'opérations immobilières lancées cette année, "on prépare la pénurie de logements des années 2027-2028", prévient Didier Bellier-Ganière.
L'augmentation des coûts des chantiers et l'effondrement de la demande ont plongé l'immobilier neuf dans une crise profonde.
Il y a néanmoins quelques signaux encourageants selon la FPI : baisse des taux d'intérêt qui permettent aux ménages de retrouver un peu de pouvoir d'achat immobilier, volonté des banques d'octroyer des crédits immobiliers, écoute et mobilisation des parlementaires pour sortir de la crise et une légère progression des réservations de logements neufs effectuées par des individuels au troisième trimestre.
Jacques Ehrmann, vice-président de la FPI et directeur du groupe Altarea, estime que le secteur a "besoin d'une grande loi logement l'année prochaine", notamment pour "redonner à l'investisseur privé un vrai statut lié à son utilité sociale."
Sur le plan politique, Pascal Boulanger dit travailler avec le gouvernement sur "de la médecine d'urgence", mais il a "l'intime conviction qu'on ne va pas arriver, sans 49.3", à adopter le budget de l'Etat pour 2025.