Réunie en Assemblée générale, une partie des salariés du groupe ("Nice-Matin", "Var-matin", "Monaco-Matin") a voté une motion de défiance contre l'actionnaire et la direction, sanctionnant le "manque de moyens" et la très inquiétante baisse des ventes ces derniers mois.
L'ambiance était électrique depuis plusieurs mois. Sans surprise, l'AG des salariés de "Nice-Matin" de ce vendredi 9 avril a creusé encore davantage le fossé qui sépare une part d'entre eux et l'état-major mis en place par le nouvel actionnaire Xavier Niel.
Comme plusieurs journalistes en témoignaient hier dans un long papier publié dans nos colonnes, les griefs sont nombreux.
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Alors qu'un plan de départs volontaires devait être engagé, l'intersyndicale CGT SNJ CFDT CFE-CGC FO dénonce dans un communiqué "des départs ciblés et certains contraints (…) sans aucune perspective de fonctionnement des services après (ces) départs". Les recrutements tardent également pour compenser les postes laissés vacants par les journalistes ayant opté pour la clause de cession -- 40 reporters au total vont quitter le journal, d'après nos informations.
Pèle-mêle, les élus du personnel ont pointé ce jour l'absence d'investissements, le choix de déménager le siège du quotidien dès cet été et de nouveaux outils numériques "défaillants".
Le "nouvelle formule" de "Nice-Matin", portée et défendue dans les médias par le directeur de la rédaction Denis Carreaux en février dernier, est accusée d'avoir plombé encore davantage des ventes déjà inquiétantes.
Résultat des courses : "le tirage continue de s'effondrer". Comme nous le notions hier, "le quotidien est passé d’environ 77.000 journaux vendus en moyenne en 2016, à 61.000 en 2020. Une chute qui se poursuit : avec 57.000 vendus en moyenne en décembre dernier, le journal enregistre des ventes… encore plus basses que celles comptabilisées pendant le premier confinement".
"Vous n'êtes pas un homme de parole" lancent les élus à l'attention de Xavier Niel. "Les agissements et les orientations données par les membres de la direction que vous avez nommés depuis votre arrivée (les deux P-DG successifs, la direction générale, NDLR) ou confirmés dans des postes qu'ils occupaient déjà (le directeur de la rédaction Denis Carreaux et ses adjoints, NDLR) sont bien loin des engagements tenus devant le tribunal de commerce et dans le plan présenté".
Avant de conclure : "Nous sommes dans l'obligation de vous adresser cette motion de défiance adoptée à l'unanimité des présents".
"150 salariés, pour beaucoup issus des services pub, administratif, technique" ont pris part au vote, a-t-on appris. Les journalistes étaient depuis 2019 plus favorables à Xavier Niel que le reste de l'entreprise, davantage tenté par l'offre formulée (puis abandonnée) par Iskandar Safa.
Sollicitée, la délégation SNJ n'a pas communiqué de décompte précis à "Nice-Presse".