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SANTÉ — Les initiatives contre la propagation du virus se multiplient à Nice. La situation y était il y a encore quelques années "particulièrement alarmante": Santé Publique France classe notamment les Alpes-Maritimes comme le deuxième département le plus touché par l'épidémie.
"Nous ne sommes plus, depuis 2016, dans une situation où les chiffres grimpent fortement d’une année sur l’autre. Mais l’épidémie de VIH (l’infection qui peut s’aggraver et être ensuite considérée comme un Sida, NDLR) n’est vraiment pas terminée à Nice" explique Pascal Pugliese, spécialiste en infectiologie au CHU de Nice et coordinateur régional de la lutte contre la maladie.
La baisse des contaminations se poursuit
En 2018, le taux d'admissions dues à une infection au VIH avait diminué de 40% par rapport à l'année précédente dans la capitale azuréenne. "Nous attendons dans les prochaines semaines le rapport de Santé Publique France qui devrait confirmer nos remontées du terrain" développe le docteur Pugliese. "On devrait observer des chiffres stables qui nous rendent très optimistes, avec un nombre de nouveaux diagnostics en baisse".
Pourquoi Nice est-elle une ville particulièrement touchée par la propagation du virus ? Difficile de trouver une réponse simple. Les villes du pourtour méditerranéen sont concernées depuis de nombreuses années, dans des proportions plus modestes qu'en Ile-de-France.
D'une population infectée plutôt marginale (des toxicomanes, des travailleurs du sexe, puis plus tard, une part de la communauté LGBT+), on observe aujourd'hui une certaine variété dans les profils des patients.
Et pourquoi les gays ont l'air d'être plus concernés par le VIH ici que les hétéros ? Peut-être parce qu'ils ont une sexualité plus ouverte, qu'ils connaissent dans leur vie plus de partenaires.
"On utilise aujourd'hui le terme HSH, hommes ayant des relations avec des hommes, pour être précis quand on répond à cette question" nous explique encore Pascal Pugliese. "Il y a une forme de politiquement correct ici qui veut éviter de stigmatiser ou de pointer du doigt telle ou telle communauté. Dans nos patients, on a des hommes en couple avec une femme à la ville, mais qui ont des relations avec des hommes de façon épisodique".
Différentes études affirment que la communauté gay niçoise serait plus touchée que celle des autres villes par la contamination au VIH.
Des opérations qui ont connu des résultats rapides
L’association AIDES a installé son troisième "spot" de dépistage gratuit (après Paris et Marseille) dans la capitale azuréenne en novembre 2018.
"Les résultats ont été rapides partout où nos structures ont été mises en place" affirme-t-on du côté de l'ONG. "Le virus est souvent transmis par des gens qui n’ont pas connaissance de leur statut sérologique. Il faut aller chercher ces personnes et les informer. Se protéger, c’est aussi protéger les autres".
Concrètement, au spot Marshall, vous avez accès à un dépistage rapide et gratuit, l'accès à la PrEP — médicament préventif remboursé par la Sécurité sociale qui empêche de se faire contaminer — et des consultations avec un médecin.
L’objectif de ce spot installé dans le centre-ville est notamment de pouvoir davantage interagir avec les lycéens et les étudiants. Les migrants font aussi partie des populations à risques qu'il faut accompagner.
En 2016, 23% des patients niçois demandaient un traitement alors qu’ils étaient déjà à un stade relativement avancé de l’infection.
L'urgence est donc à la prévention, et à l'information. De 25 à 30.000 Français seraient aujourd'hui porteurs du virus sans le savoir. Or plus tôt il est diagnostiqué et soigné, plus les traitements sont efficaces et bien supportés par le patient.
[#Inauguration]
Aujourd'hui, on dévoile le SPOT Marshall à Nice, un lieu unique pour : dépistage rapide du #VIH et du VHC, accès à la #Prep, ainsi que des consultations spécialisées : proctologie, sexologie, #addictologie…
+ d'infos : https://t.co/q5q2hNasf9 pic.twitter.com/SJBsjJitPl— Association AIDES (@assoAIDES) November 22, 2018
Un "vrai combat" de la Ville de Nice
"On peut compter sur un réel engagement de la ville" souligne le docteur Pugliese, coordinateur régional de la lutte contre le virus. "Christian Estrosi s'est assuré que l'on puisse compter sur un vrai soutien financier qui nous permette d'agir, avec des moyens pour communiquer avec le public".
"Le maire s'engage pour que la ville soit un exemple de solidarité et de bienveillance en termes de santé publique et que Nice soit un véritable territoire pilote qui apporte une contribution significative dans la lutte mondiale contre le VIH" fait-on savoir du côté de la municipalité, qui assure qu'"un tiers des subventions santé de la Ville de Nice est consacré à la lutte contre le VIH".
D'autres initiatives d'ampleur sont mises en place en ce moment dans la capitale azuréenne. Depuis cet été, l'opération "Au labo sans ordo" permet d'avoir accès sans frais et sans ordonnance à un test de dépistage du VIH dans tous les laboratoires d’analyses médicales des Alpes-Maritimes.
"On reste sur nos gardes" tempère le docteur Pugliese. "Malgré de beaux résultats, on doit continuer à se battre tous les jours pour atteindre l’objectif de zéro contamination d’ici à 2030."