ÉCONOMIE — Le succès d'Amazon ne se dément pas : à n'en pas douter, le géant du e-commerce va encore faire un carton pendant les fêtes de fin d'année. Assez pour éviter les conséquences de la mauvaise presse qui s'abat sur lui depuis plusieurs mois ?
Ce lundi 16 septembre, on apprend ainsi que l'association I-Buycott a décidé de saisir la justice contre l'entreprise américaine, qu'elle accuse d'évasion fiscale. S’appuyant sur un article du Code civil, l’ONG veut faire reconnaître un "préjudice de solidarité" que la multinationale porterait aux contribuables français, comme le révèle Le Parisien.
Noël va donc peut-être devenir une période de légère angoisse pour Amazon, sur le bancs des accusés médiatiques depuis plusieurs mois. Dans une note d'analyse, le député LREM et ancien secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi accusait en novembre le géant du e-commerce Amazon d'avoir détruit 7.900 emplois dans le commerce physique en France sur l'année 2018. Alors que les fêtes approchent, il encourage les Français à "acheter en conscience" et à privilégier les "alternatives locales".
Le même mois, c'est une enquête de l'Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne) qui avait sévèrement égratigné l'image de la plateforme. Jamais très bien réputée en terme de management, la société basée à Seattle ne prendrait pas du tout en compte les avis de ses salariés jusqu'à en arriver à des "méthodes tyranniques", tacle le rapport.
57% du chiffre d’affaires d’Amazon réalisé en France serait dissimulé. Un chiffre qui met en avant "l’évasion fiscale massive" de la société américaine. Ce rapport avance qu’Amazon n’a pas payé le moindre impôt aux Etats-Unis en 2017 et en 2018 : "Il semble qu’une proportion importante de la charge d’impôt a pu être effacée grâce au dispositif qui accorde des avantages fiscaux aux rémunérations versées au management des entreprises, sous forme de stock-options, et dont les montants dépendent des bénéfices." Au niveau européen, la commissaire européenne de la concurrence, Margrethe Vestager estime que "grâce aux avantages fiscaux accordés par le Luxembourg, près de trois quarts des bénéfices d’Amazon en Europe ne sont pas imposés."
Géant… de la pollution
Toujours d’après les travaux de l'Attac, Amazon émettrait 18,87 millions de tonnes de CO2 par an rien qu’au niveau du transport, soit l’équivalent des émissions annuelles de la Bolivie. Pire encore, "il n’est pas clairement fait mention de la première phase de transport des produits depuis la Chine ou l’Asie du Sud-Est jusqu’aux États-Unis ou l’Europe". La surproduction est aussi un phénomène qui amplifie la pollution car dans l'Hexagone, en 2018, plus de trois millions de produits neufs ont été détruits par le groupe américain.
Lourd climat social
Amazon emploie 645.000 personnes à travers le monde, dont 7.500 en France, fin 2018. Ces emplois sont, pour beaucoup, précaires, en intérim, voire… avec le statut d'auto-entrepreneurs.
Les employés sont confrontés à des conditions de travail de plus en plus difficiles physiquement : "sur certains postes les salariés marchent plus de 15 kilomètres par jour et portent souvent des charges lourdes".
"Le règlement de l’entreprise impose une productivité en hausse constante, dont toutes les données sont transmises et suivies au siège d’Amazon" ajoute le rapport.
Certains travailleurs sont même munis d’un appareil électronique qui leur donne des instructions tout en les surveillant et les géolocalisant en permanence.
Vu comme ça, il n'y a plus que le logo d'Amazon qui puisse afficher un si large sourire…