C'est une affaire gravissime que Mediapart pourrait avoir mis au jour ce mercredi 22 décembre. D'après le site d'investigation, la dernière élection régionale en Provence-Alpes-Côte d'Azur aurait été entachée de sévères irrégularités. Lesquelles n'auraient tout de même rien changé de l'issue du scrutin, 51.700 voix séparant la droite du RN au second tour.
Les faits rapportés
D'après l'enquête publiée par nos confrères (accès pour les abonnés), lors des régionales et départementales, les candidatures de Renaud Muselier (ex-LR) et de Michel Bonnus (LR) ont réuni dans un bureau de vote toulonnais plus de 85% des suffrages au second tour.
Sauf que, après diverses vérifications, les habitants qui ont voté à en croire les registres électoraux ne se seraient, en réalité, absolument pas déplacés.
L'un des témoins rencontrés par Mediapart a beaucoup de mal à marcher, une autre était en vacances à l'autre bout du département… Certains des potentiels "faux électeurs", dont l'identité aurait donc été usurpée, auraient accepté de témoigner devant la justice si elle était saisie.
Les falsifications constatées par le journal d'enquêtes seraient grossières. Les signatures volées aux électeurs seraient ainsi différentes, sur le registre, entre le premier et le second tour. Et aucune ne correspond à celle qui est vraiment utilisée par ces Toulonnais.
Au moins 15 personnes présenteraient des "signatures illogiques" sur les cahiers d'émargement. Contactées par les journalistes, elles confirment qu'elles n'ont pas voté, en juin dernier.
Le bureau concerné serait celui d'un quartier populaire de la capitale varoise.
Une partie témoigne anonymement, craignant, pour certains, des représailles :
"Je n’ai aucune confiance dans les gens qui tiennent ce quartier. De quoi ai-je peur ? Eh bien, je n’ai tout simplement pas envie de voir ma voiture brûler"
Témoignage dans Mediapart, le 22/12/21
L'un des Varois cités, un ancien soldat de l'Armée de Terre, s'exprime toutefois avec son identité, et assure qu'il va porter plainte.
Même si ces quelques votes n'ont rien changé à l'issue de ces scrutins, plusieurs électeurs concernés dénoncent le procédé, si ces doutes étaient confirmés :
"De tels agissements, ce n’est pas la République, ce n’est pas la France !" pour l'un des témoins. "C’est un viol de la souveraineté des citoyens. C’est inadmissible !" estime un autre
Témoignages dans Mediapart, le 22/12/21
Les réactions politiques
Le président du conseil qui avait remporté les régionales en Paca, Renaud Muselier, assure ne rien savoir de cette affaire.
Le maire de Toulon, Hubert Falco, présent sur la liste victorieuse (ex-LR) n'a pas réagi. Pas plus que les responsables du bureau de voté pré-cité.
Le patron du Rassemblement national niçois Philippe Vardon a tweeté : "Encore des faux électeurs ! À Toulon, à Marseille… ailleurs ? Les pratiques de ceux qui donnent des leçons de démocratie : signatures bidons, clientélisme et « grands frères », peur des pressions".
Thierry Mariani, candidat malheureux de la Droite populaire et du RN : "Dans le Var plus rien ne m’étonne, tant la proximité de certains élus avec des milieux peu recommandables est connue. Les élus de Toulon ayant fait allégeance à Macron, je serais surpris que la justice se saisisse de cette affaire.
Mais à suivre…"
Pour l'heure, aucune enquête de police n'est ouverte. Cet article sera mis à jour si cela devenait le cas.
D'autres doutes
Concernant une autre affaire supposée, Mediapart rapporte ce 22 décembre qu'une plainte a été déposée le 24 juin 2021 par deux électeurs toulonnais : leurs voix ont été comptabilisées aux élections législatives de 2017 alors qu’ils expliquent ne pas avoir voté.
Lors des dernières élections régionales et départementales, la liste conduite par @RenaudMuselier, de même que le sénateur @MichelBonnus ont réalisé des scores inédits dans une cité de Toulon. Des électeurs confient ne pas être allé voter. https://t.co/0TTsMghxhx
— Simon Fontvieille (@SFontvieille) December 22, 2021