Qu’il semble lointain le temps où Nice faisait figure de “Raoult City”. Pendant le confinement, notre ville a fait office de véritable laboratoire à ciel ouvert pour le professeur marseillais, largement soutenu dans les médias par le maire de Nice.
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“Grand fan du professeur Didier Raoult, Christian Estrosi n’est pas à une intox près pour défendre l’homme de médecine et son traitement contesté contre le Covid-19” taclait même sévèrement “Libération” le 14 avril dernier. Le maire avait en effet soutenu que l’infectiologue l’avait averti “dès décembre” que la vague épidémique “submergerait” l’Europe… sauf que jusqu’à la mi-février, Raoult lui-même n’y croyait pas.
Le soutien du maire au médecin marseillais est allé bien plus loin que les mots. Contrôlé positif au Covid-19 le 16 mars, Christian Estrosi décide de se faire soigner par le traitement alors controversé de Didier Raoult. Sur BFMTV et auprès de “Nice-Matin”, il s’estime “guéri”, prenant ses dispositions pour que le CHU de la capitale azuréenne puisse être équipé de ces cachets (agaçant fortement le ministère de la Santé).
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“C’est irresponsable de tenir des propos pareils, M. Estrosi n’est pas médecin!” avait attaqué le docteur-animateur Michel Cymès sur France 5. “Il y a une communauté scientifique, il y a des experts qui conseillent Emmanuel Macron… attendons que les gens qui savent, eux, puissent se prononcer…”
“Pas le temps d’être à 100% sûrs” dans cette situation avait répondu le maire, dénonçant en mai “le lynchage médiatique” dont serait victime Raoult, “le plus grand chercheur” de France, dans les médias.
Avant de critiquer un “monde scientifique davantage constitué de commentateurs que d’acteurs”.
“Je ne les vois pas enfermés du matin au soir dans leurs laboratoires, mais je les vois surtout occuper tous les plateaux de télévision. […] Je suis plus derrière ceux qui agissent que ceux qui commentent” avait-il amèrement conclu.
Le port du masque obligatoire ? N’importe quoi
Les temps ont, depuis, beaucoup changé !
Ce mercredi 19 août, Christian Estrosi annonçait l’extension du port du masque obligatoire dans toute la ville de Nice, et non plus dans ses seuls secteurs touristiques, comme cela avait été décidé dans un premier temps.
“C’est le prix à payer pour que chacun puisse sereinement circuler dans nos rues et lutter efficacement contre la propagation du virus” — Christian Estrosi
Quelques heures plus tôt, c’est un tout autre discours que le professeur Raoult tenait sur l’antenne de CNews. L’obligation de porter le masque ? Du grand n’importe quoi pour l’infectiologue : “J’ai peur de la peur (…) j’aurais préféré qu’on en reste aux recommandations” lance-t-il (voir notre article).
Tout en assurant que “le masque protège les gens dans le domaine du soin. Pour le reste, rien n’est clair, rien n’est démontré sur le plan de la transmission virale”.
Les tests ? “Inutile de se battre”
Sur les tests, de même, les deux hommes ne sont plus tellement sur la même longueur d’ondes.
Du côté de la municipalité de Nice, c’est le branle-bas de combat depuis le confinement. Drive-tests, spots dans des gymnases puis partout en ville, prise de rendez-vous rapides et gratuits, communication intensive…
Christian Estrosi n’aurait pas pu en faire davantage pour permettre à ses administrés de se faire dépister.
Mais est-ce vraiment utile ? Pas vraiment, balaie d’un revers de la main le docteur Raoult ! Sur le dépistage, il concède que “c’est mieux de faire des tests que de ne pas en faire”, appelant néanmoins à la mesure : “On ne va pas pouvoir tester 65 millions de gens une fois par semaine.” Lâchant même un désinvolte : “On ne va pas se battre, c’est une maladie virale comme les autres”.
Quand le maire de Nice songe à un départ à huis clos du Tour de France et multiplie les initiatives en assurant que “c’est le prix à payer pour éviter une seconde vague épidémique”, Didier Raoult parle du Covid-19 comme d’une maladie “peu mortelle” semblable “à la grippe”.
Oui, décidément, Nice n’a plus grand chose à voir avec une “Raoult City”. Pour le mieux ?