Le maire de Nice Christian Estrosi et le patron de la Région Renaud Muselier pourraient faire l'objet d'une procédure d'exclusion des Républicains cette semaine, pour avoir cautionné une alliance avec les Marcheurs dans le cadre des régionales en PACA.
C'était le coup de tonnerre politique de ce week-end : après avoir accepté la main tendue par LREM, le président du conseil régional LR Renaud Muselier voyait son investiture pour les régionales de juin retirée par la direction parisienne du parti.
Le chef des Républicains Christian Jacob justifiait sa décision en dénonçant de "petites manœuvres électorales". Sur les réseaux sociaux, Christian Estrosi a tenu, dimanche 2 mai, à réaffirmer tout son soutien à Renaud Muselier, malgré la tempête.
"Je le soutiens avec force parce que je veux que notre Région continue à porter des valeurs de tolérance et de responsabilité et parce que contrairement à ceux qui ne pensent qu’aux échéances présidentielles ou législatives, nous n’avons pour objectif que de faire avancer les Alpes, la Provence et la Côte d’Azur" notait-il sur Facebook.
Plusieurs cadres du parti de droite, dont le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, comptent demander l'exclusion du président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, après l'annonce de son alliance avec LREM, selon les informations de France Télévisions. Le maire de Nice, Christian Estrosi, partisan de cette alliance, pourrait lui aussi être visé.
L'édile paierait ainsi son ouverture vers le centre, pratiquée depuis la présidentielle de 2017. À l'occasion de la rentrée dernière, il avait franchi un pas en appelant de ses voeux un ralliement de la droite à En Marche pour 2022.
"Le pire est à venir"
L'état-major Républicain est plus réactif pour monter au créneau contre un rapprochement avec les centristes, alliés traditionnels de la droite, que pour prendre position sur les dernières sorties du député Ciotti.
Dans un laïus très proche de celui de Marine Le Pen (lien entre immigration et délinquance,…) , l'élu azuréen a fait polémique en affirmant dans Valeurs actuelles vendredi 30 avril que ce qui différencie LR du Rassemblement national, c'est, "globalement la capacité à gouverner". Un tollé sur les réseaux sociaux.
Ses propos ont été condamnés par Christian Estrosi sur Europe 1 ce samedi… mais c'est à peu près tout, parmi les élus azuréens.
Un silence "bien embarrassant", vivement critiqué par le patron de Midi-Libre Olivier Biscaye (ex-Nice-Matin), dans un éditorial publié dimanche. "Un silence qui ne promet rien de bon à quelques semaines et mois de scrutins majeurs. Un silence qui vaut consentement, le pire, l’inéluctable, qui signifie la trahison à des principes jadis défendus par des dirigeants d’une droite attentive à conserver une ligne irréprochable vis-à-vis de l’inacceptable".
À propos de la sortie d'Éric Ciotti, Olivier Biscaye s'interroge sur la disparition des barons locaux : "où étaient-ils ce week-end pour dénoncer cette prise de position, pour prendre leurs distances à tout le moins ?"
Avant de constater, presque fataliste :
"Cette fois, officiellement, une digue a donc cédé. Elle en dit long sur ce qui vient, sur ce qui se trame dans la conquête du pouvoir. (…) Ne fermons pas les yeux, le pire est à venir".
Olivier Biscaye dans "Midi-Libre"