L'abstention reine
72,2% des Niçois n'ont pas voté ! Encore plus qu'au premier tour, où ils avaient été 71,4% à ne pas se déplacer. Après une campagne sans aucun intérêt, la capitale azuréenne aura extrêmement peu mobilisé ses électeurs, alors que le département des Alpes-Maritimes affiche un taux d'abstention de presque dix points inférieurs, avec 64,75%. Quelle légitimité partout en France pour des maires et des conseillers municipaux si "mal élus"?

Et de trois pour "Estrosi le rassembleur"
Avec un suspense digne de Plus belle la vie, c'est plein d'émotion que Christian Estrosi a annoncé sa très large réélection (59,31%) en début de soirée devant l'Hôtel de Ville qu'il occupe depuis 2008.
À REVOIR > Revivez le live de cette soirée électorale du 28 juin 2020
"Rassembler aura été mon maître-mot tout au long de ces années, face à toutes les adversités" a rappelé le maire.
"En 2015 face à Marion Maréchal Le Pen… Au lendemain de la tragédie du 14 juillet 2016… Au cours de ces trois dernières années face à toutes les tentatives de division… Face à la crise sanitaire…"

Deux points à retenir de cette allocution. Le plus important : "Dès cette semaine, avec notre majorité, nous serons à la tâche pour mettre en œuvre le projet qu’ont validé ce soir si largement les Niçois." L'ensemble du programme sera donc mis en chantier dans les jours prochains, y compris la controversée destruction du palais Acropolis et du TNN.
Au menu aussi, la poursuite de la "végétalisation", une "baisse de la fiscalité et (une politique d') aide au pouvoir d’achat pour les plus fragiles" ainsi que le super-commissariat à l'hôpital Saint Roch.
Plus anecdotique, Christian Estrosi a, semble-t-il, fermé la porte à une entrée au gouvernement (au grand dam de certains colistiers, presque déjà à l'essayage de l'écharpe tricolore ces dernières semaines…) :
"L’homme de droite et le gaulliste social que je suis entend porter la voix des territoires depuis Nice et peser de toutes ses forces dans la grande loi de décentralisation (…). Je dis bien 'depuis Nice' car, plus que jamais, vous êtes ma priorité et ma boussole."
Nice à droite toute !
Payant le prix de leurs divisions, les formations de gauche ne seront, pour la première fois depuis longtemps, pas représentées au conseil municipal, dominé par la droite Républicaine (56 sièges), le Rassemblement national (7 sièges, 21,39%) et une liste EELV (6 sièges, 19,3%) élue sans programme social. Pour exister, il faudra, pour les socialistes et pour Viva!, trouver une autre manière de "faire opposition"… et tirer les leçons de cette gifle politique majeure.
Nice n'aura pas connu de "vague verte" comme Bordeaux, Lyon et, dans une certaine mesure, Marseille. La faute à une sociologie électorale bien différente… et à une campagne beaucoup moins dynamique et rassembleuse des écolos azuréens que leurs voisins des autres grandes villes.

Vardon déjà à l'offensive
"Nous confirmons notre place de première opposition au conseil municipal" clamait dès l'annonce dès résultats Philippe Vardon, tête de liste Rassemblement national / Droite populaire.
Il emmènera avec lui sept conseillers municipaux dès cette semaine. Pour combattre la destruction d'Acropolis, déjà, à propos de laquelle il demande "un référendum local", estimant Christian Estrosi "pas légitime" malgré le choix des urnes pour mener à bien ce projet.
Six ans plus tard, M. Vardon recueille à peu près autant de suffrages (en proportion) que le FN en 2014 : 23,691 voix pour 21,10% vs. 12,279 voix pour 21,39% en 2020.