Dans la première circonscription, le maire de Nice devrait soutenir l’ennemi juré d’Éric Ciotti pour lui ravir la place. Dans la cinquième, le député envisage, du coup, d’envoyer une élue longtemps parmi les anti-Estrosi les plus convaincues.
Plus de 120.000 habitants, un territoire qui s’étend du littoral jusqu’à Saint-Étienne-de-Tinée, de la ruralité aux quartiers Ouest de Nice. Magnifique cinquième circonscription, dans le coeur de Christian Estrosi, comme il le confiait dans nos colonnes le 9 mars. Il en a été le député entre 1988 et 2016. À chaque réélection, un plébiscite.
C’est donc un symbole à l’endroit duquel son meilleur ennemi Éric Ciotti compterait bien taper fort. D’après des bruits de couloir insistants, le patron de la fédération locale des Républicains et de la Commission nationale d’investiture aurait en tête d’envoyer dans la 5ème l’une des grandes détractrices du maire de Nice, Christelle D’Intorni.
Surnommée “Démolition girl”, cette brillante avocate, maire de Rimplas, a souvent ferraillé contre Christian Estrosi à la Métropole. Il y a six ans, elle aurait voulu lui succéder comme députée dans la cinquième circo. Perdu, ce sera sa protégée Marine Brenier. On dit que l’épisode l’a poussée vers Ciotti, elle s’inscrit en faux. On l’avait crue rabibochée avec l’édile niçois, dont elle est vice-présidente à la Métropole. Pas si sûr.
Dans Nice-Presse, Christian Estrosi, passé chez Emmanuel Macron, promet à la députée LR Marine Brenier son soutien total pour les législatives de juin 2022. Mais la sortante va-t-elle être débranchée par Les Républicains au profit de Christelle D’Intorni ?
“La commission d’investiture du parti, qui est souveraine, prendra sa décision dans deux semaines” pose Marine Brenier, contactée par nos soins jeudi. “La règle est que le sortant soit réinvesti, je ne vois pas pourquoi je souffrirais d’une exception. J’ai du mal à l’imaginer”.
“Je suis d’ailleurs en discussion avec Éric Ciotti à ce sujet” poursuit-elle.
Et si le scénario se confirmait ? “Je serai candidate à un nouveau mandat dans la cinquième circonscription dans tous les cas”. Même sans l’investiture des Républicains, en divers droite.
“Je suis légitime, je n’ai pas fauté. Et même si ce n’est pas forcément très populaire de soutenir Valérie Pécresse, notre candidate à la présidentielle, je suis toujours là, avec mes convictions profondes. Fidèle à ma famille politique”.
Toujours est-il que, sollicités par Nice-Presse, ni Éric Ciotti ni Christelle D’Intorni n’ont pris la peine de démentir cette opération anti-Brenier/Estrosi…
Par ailleurs, Benoit Kandel, ancien premier adjoint niçois, pourrait à nouveau se porter candidat dans la 5ème, avec l’étiquette Reconquête, la formation d’Éric Zemmour. “C’est une option, parmi d’autres, à Nice” souligne-t-il cette semaine, le parti n’ayant pas encore arrêté son choix.
Au Port, Bettati à l’abordage
Il est loin de faire l’unanimité dans l’équipe Estrosi, mais il devrait bien être le “candidat mairie” en juin dans la première circonscription. Celle du littoral niçois, souvent résumée au Port Lympia. Olivier Bettati, ennemi farouche d’Éric Ciotti, va donc tenter de lui ravir la place. Le second est élu là-bas depuis 2012. Avec un bilan à jeter, d’après le premier : c’est « un type aigri carrément devenu haineux » fusille-t-il dans nos colonnes.
L’idée en allant bouter Ciotti hors de la première circo est aussi de lui ôter un ancrage niçois. Lui fermant ainsi la porte, en cas de sévère défaite, à une candidature face à Estrosi aux prochaines municipales. Un sondage de début 2019 plaçait les deux rivaux au coude-à-coude (la tendance s’est ensuite inversée). Alors en 2026, qui sait…
En attendant le scrutin, Olivier Bettati a été opportunément nommé patron de la mission de concertation sur l’avenir du Port. Une façon de recevoir pendant 6 mois une bonne partie des futurs électeurs dans ses nouveaux bureaux du quai Lunel.
Dans le camp Estrosi, l’adjoint à la Jeunesse Graig Monetti (LREM) est aussi intéressé. “Rendez-vous plus tard pour en discuter” évacue, pour l’instant, le maire.
On a dit Philippe Vardon, patron de l’opposition Rassemblement national, également tenté par la 1ère. Pas pour cette fois. Celui qui créait au début du mois son association de financement (cf. le Journal officiel du 8 mars) se lancera bien dans les Alpes-Maritimes, mais pas au Port.