Après des semaines à ne pas faire campagne et à torpiller son propre camp, ça y est, Éric Ciotti annonce, trois jours avant le second tour, qu'il votera Renaud Muselier aux régionales. Un peu tard pour le maire de Nice, qui tacle un député qui serait bien trop proche de l'extrême droite.
Christian Estrosi était en forme ce matin. Invité de nos confrères de France Bleu Azur ce jeudi 24 juin, Christian Estrosi a pu réagir au récent appel au vote d'Éric Ciotti en faveur de Renaud Muselier.
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"Il fait partie des Lepéno-compatibles. La digue a sauté, Thierry Mariani a été l'un des pionniers il y a quelques années" a tout de même balayé le maire. "On ne pactise pas avec les extrémistes", a-t-il posé, rappelant la "ligne blanche" fixée par Jacques Chirac.
Un point de vue que ne dément pas, d’ailleurs, Marine Le Pen. Le 30 avril, elle notait même dans le HuffPost : « Je suis prête à faire des compromis, mais les idées d’Éric Ciotti ne m’obligeraient même pas à en faire…»
"Pourquoi pas " avait-elle répondu dans la foulée à Jean-Jacques Bourdin sur l'opportunité de le nommer ministre dans un hypothétique gouvernement RN.
Ces derniers jours, les équipes du député Ciotti ont distribué un tract de campagne pour les départementales titré « stop à l’immigration », avec une rhétorique qui n’aurait rien à envier à celle du Rassemblement national, comme l’ont dénoncé de nombreux internautes sur les réseaux sociaux.
Prospectus de campagne d'Eric Ciotti pour les… départementales… Rien sur les compétences du département. Quant au contenu… no comment.. pic.twitter.com/JRJnfX92W0
— Julien Franchina (@JulienFranchina) June 14, 2021
À propos du positionnement radical de son ancien ami, Christian Estrosi ne disait pas autre chose début mai, balayant le « sectarisme » de l’élu niçois.
Sur Europe 1, il pointait ainsi ceux qui « ne cessent de conduire (sa) famille politique (il a depuis quitté LR, NDLR) vers des dérives politiques pour camoufler (leur) propre sectarisme en attaquant par des mensonges voire la calomnie. Cela ressemble fortement au type de posture que l’extrême droite utilise depuis des années et cela m’inquiète énormément ».
Avant de rappeler ce que le président du conseil régional Renaud Muselier avait déjà reproché à Éric Ciotti :
« Au soir du premier tour de la présidentielle, il a fait partie de ceux qui n’ont pas fait de choix entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Manifestement c’est un choix qui s’inscrit de manière durable »
Fin 2019, l'intéressé avait dû renoncer à se présenter à la municipale niçoise suite à de mauvais sondages. Une paix (relative) entre les deux hommes forts de la droite niçoise avait suivi pendant quelques mois… sans faire oublier leurs divergences de fond.
Après l'attentat du 29 octobre 2020, Éric Ciotti avait proposé d'emprisonner les terroristes dans une sorte de camp de "Guantánamo à la française".
Clairement "du populisme" pour Christian Estrosi. "Ne cédons pas à l'emballement, à la surenchère."