FAITS DE SOCIÉTÉ — Et si ce n'était que le début ? La semaine dernière (jeudi, puis dimanche soir) deux fusillades ont éclaté à Nice, aux Liserons, à l'est de la ville. Des tirs d'armes de guerre ont été entendus, des munitions retrouvées sur place. Au total cinq personnes ont été blessées, une dizaine placées en garde à vue. D'importants moyens ont été envoyés dans le quartier pour mettre fin aux violences urbaines. Christian Estrosi a enfin obtenu du ministère de l'Intérieur, alors qu'il le réclamait depuis des mois, le déploiement d'une compagnie de CRS. Un hélicoptère survole la zone. La Ville a également promis l'installation de caméras de vidéo-protection nouvelle génération.
EN RAPPORT > Liserons : Hélicoptère, CRS,… après les fusillades de Nice, de lourds moyens déployés
Sauf que, sur place, les habitants ne croient pas une seconde que les choses vont s'arranger si facilement.
Pour une partie d'entre eux, le motif de ces fusillades a été mal appréhendé. La théorie selon laquelle des "tensions communautaires entre les maghrébins et les Tchétchènes" auraient causé, à elles seules les troubles ne convainc pas.

"La République a abandonné"
Mardi 16 juin, dans les colonnes de "Nice-Presse", Fouzia Ayoub, secrétaire générale du groupe de gauche "Un Autre Avenir pour Nice" à la mairie et originaire du quartier des Liserons, était très claire : "Les troubles en cours aux Liserons n’ont rien à voir avec des affrontements communautaires. (…) C’est une question d’argent, d’affaires!"
"C’est le trafic de drogue qui a occasionné ces violences. On a laissé ce quartier aux mains des dealeurs. La République a abandonné. Cela attire des convoitises et exacerbe les rivalités entre trafiquants."
Dans un reportage réalisé par "Nice-Matin" (article abonnés), les habitants de la cité ne disent pas autre chose : "On est coincés en plein milieu d’une guerre de territoire pour le monopole du deal (le trafic de drogue, NDLR). Et les choses sont allées beaucoup trop loin pour qu’ils en restent là : ici, on se prépare tous à connaître une guerre terrible."
Une guerre dans les quartiers ?
Avant de poursuivre : "Ce ne sera pas aux Liserons, mais à Bon-Voyage ou à Pasteur et on est tous convaincus que c’est imminent. Et qu’on arrête, cela n’a rien à voir (…) avec une quelconque guerre communautariste ou je ne sais quelle histoire de racisme. Des conneries tout ça. C’est bien plus effrayant."
"Ça va re-péter. Et pire qu’hier. Plus vite qu’on ne le croit : c’est écrit!"
"La situation dans le quartier des Liserons est l’aboutissement d’un pourrissement parce que le trafic de drogue a longtemps arrangé tout le monde, à part les habitants. Il a confiné la délinquance loin de la façade de la ville. Jusqu’à ce que la situation échappe à tout contrôle" dénonçait ce week-end Xavier Garcia, le patron des socialistes azuréens.
Mais jusqu'à quand ces violences resteront éloignées du centre-ville ? Les habitants du quartier citent Bon-Voyage ou Pasteur. Saint-Augustin, Les Moulins et La Madeleine, connus pour leurs rapports avec les trafics et la délinquance, ne sont pas très éloignés du coeur de ville non plus. Pure hypothèse. Mais les risques sont évidents.
Ce soir avec @nicolasbay_ aux côtés des policiers stationnés dans le quartier des Liserons à #Nice06, après les fusillades des derniers jours. La sécurité doit être rétablie dans notre ville ! pic.twitter.com/eoaQjMIjUQ
— Philippe Vardon (@P_Vardon) June 16, 2020
En visite hier à Nice, le député européen RN Nicolas Bay a même établi un parallèle entre Nice et "la situation dramatique en Seine-Saint-Denis ou dans les quartiers nord de Marseille."
Philippe Vardon, candidat à la mairie de Nice sous la même étiquette, réclame une opération radicale : "Il faut expulser les criminels et les narcotrafiquants. Les expulser des logements sociaux", en finir avec les "douze ans d’Estrosi. Il a failli dans sa mission de sécurité. Moi je veux qu’on ramène la loi dans les quartiers, dans cette ville. Il faut rétablir l’ordre à Nice."