Le premier grand meeting de Valérie Pécresse n'est pas passé inaperçu. La candidate des Républicains n'a pas hésité à employer des termes nouveaux, flirtant ainsi avec les positionnements d'Éric Ciotti, et parfois d'Éric Zemmour.
Ils étaient 6.000 militants à venir acclamer leur candidate sur la scène du Zenith de Paris ce dimanche 13 février.
La candidate LR a joué gros au cours de ce premier grand meeting destiné à dévoiler les axes de sa campagne "nouvelle France".
Un rendez-vous politique durant lequel Valérie Pécresse, habituellement modérée politiquement, s'est lâchée sur le fond de son discours.
Il n'y a "pas de fatalité. Ni au grand remplacement, ni au grand déclassement. Je vous appelle au sursaut" a lancé celle qui souhaite porter les couleurs de la droite à l'Elysée.
"Grand remplacement", un terme habituellement employé à l'extrême droite et mis en avant dans cette campagne par Eric Zemmour, lui aussi candidat à la plus haute fonction de l'Etat.
"Immigration débordante"
En évoquant "les Français de papiers", la présidente de la Région Ile-de-France n'a fait que conforter ce virage.
"Je veux que nous retrouvions le contrôle de cette immigration débordante qui débouche sur la création de zones de non-France" a ainsi lancé la candidate.
Et ajouter : "Je veux faire des Français de cœur, et pas seulement des Français de papiers."
Une route qui n'est pas sans rappeler celle parcourue par son ancien rival, et désormais proche conseiller : Eric Ciotti.
Avant la primaire LR, organisée du 1er au 4 décembre 2021, le député azuréen s'était illustré avec un programme ferme.
"Je suis de droite, je ne m’excuse pas de l’être" avait-il déclaré fin août sur BFM TV-RMC.
Une annonce suivie d'un "ultra programme" avec des propositions chocs comme le retour au droit du sang et non du sol "pour ne pas devenir Français par hasard" ou un référendum sur l'immigration.
Evoquant, un brin caricaturale, la "France des cathédrales" et du "pavé charolais", Valérie Pécresse s'est tournée vers l'électorat conservateur. Des militants conquis François Fillon en 2017.
Cette stratégie comporte malgré tout un risque, celui de faire fuir les électeurs modérés vers le camp d'Emmanuel Macron, pas encore déclaré candidat.
Réactions divisées
Anne Hidalgo, candidate à gauche, est montée au créneau en qualifiant de "graves" les propos de sa rivale.
"C’est un Rubicon de plus qui est franchi par la droite, qui aurait pu être républicaine, mais qui prend une référence de l’extrême droite" a-t-elle lancé depuis la Martinique.
Michel Barnier, ancien postulant à la primaire LR, temporise.
Il n'y a "pas de malentendu possible. Elle dit qu’elle ne veut (pas) des théories de monsieur Zemmour".
Pour ce dernier, l'utilisation du terme "grand remplacement" semble être une fierté : "C'est moi qui l'ait imposé dans la campagne présidentielle. Avant, Valérie Pécresse, comme Marine le Pen ne voulaient pas reconnaître ce mot."