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Les deux hommes forts de la droite azuréenne reprennent, une nouvelle fois, les hostilités, avec la démolition de plusieurs bâtiments du centre-ville comme prétexte. Un affrontement hautement politique.
Éric Ciotti se réveillerait-il un an et demi après la bataille ? Comme nous le rapportions vendredi 12 novembre, le député LR des Alpes-Maritimes a annoncé qu'il compte saisir la ministre de la Culture pour faire classer le Palais des congrès Acropolis et le Théâtre national de Nice aux monuments historiques.
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Une manière de bloquer l'un des projets phares du troisième mandat de son meilleur ennemi Christian Estrosi, qui souhaite prolonger sa Coulée verte - le Central Park local - vers le nord, en lieu et place des deux bâtiments, tout en faisant sortir de terre un complexe flambant neuf à l'ouest de la ville pour accueillir toutes les réunions d'affaires.
On l'aura bien compris, entre les deux hommes, tout est bon pour se tirer dans les pattes. Au Conseil départemental et à la Ville de Nice, cette guerre froide très peu subtile a déjà fait quelques victimes collatérales.
Au prix de quelques contradictions… Le projet qu'Éric Ciotti brocarde aujourd'hui, il l'a soutenu en 2020, tout au long de la campagne de réélection du maire. Dans la foulée, il a même voté sans difficulté les subventions départementales nécessaires à la démolition.
De même, certains élus semblent sortir aujourd'hui d'une longue léthargie. Bernard Chaix, viré il y a peu de ses délégations municipales, dénonçait cette semaine "la destruction programmée de cette salle emblématique, (Acropolis, ndlr)". Avant sa disgrâce, il ne s'y était pourtant jamais opposé.
L'annonce de ce nouveau combat, chez nos confrères de BFM Côte d'Azur, a évidemment fait réagir les autres politiques niçois. Dans une discipline toute soviétique, la majorité estrosiste a même dégainé toute la soirée d'hier sur Twitter.
Avec quelques bons mots. Celui de Graig Monetti, adjoint à la Jeunesse : "Inscrivons plutôt le populisme d’Éric Ciotti au patrimoine immatériel de l’humanité pour que les prochaines générations s'en souviennent". Ou d'Anthony Borré, premier adjoint de Christian Estrosi : "De toutes vos forces, vous avez voté la subvention de près de 8 millions d’euros (…). Votre constance comme votre opposition est en carton".
Même l'ancien conseiller municipal Olivier Bettati, un temps principal détracteur du maire de Nice, en est allé de son tweet, moquant le "manque de courage" d'Éric Ciotti. Le vieux palais des Congrès mobilise décidément de vraies légions de défenseurs désintéressés.
Comme souvent dans ce type d'opération de communication, le plus intéressant reste de repérer ceux qui ont bien pris soin de ne pas s'y mêler.
L'adjoint Gaël Nofri, plus en délicatesse à l'Hôtel de Ville que ce qu'il veut bien reconnaître, passait manifestement sous un tunnel au moment de défendre le maire sur les réseaux sociaux ces dernières heures.
Faut-il y voir un rapport avec les compliments qu'il adresse à Éric Ciotti sans trop de discrétion dans la presse ? Tous ses oeufs ne sont pas, en tout cas, dans le même panier. Parce que ce qui arrivera sans doute bien plus tôt que la démolition du palais Acropolis… ça reste les prochaines élections législatives.
Comme développé dans ce papier, l'opposition fourbit également ses armes. Les écolos lancent des "ateliers" pour trouver des solutions alternatives, les socialistes menés par Patrick Allemand veulent aller sur le terrain judiciaire, et le RN de Philippe Vardon réclame un référendum local.
MAJ : Sur Twitter, sans citer Éric Ciotti contrairement à une bonne partie de ses collègues, Gaël Nofri a noté, en réponse à cet article, que "ce sujet est déjà réglé (la destruction d'Acropolis, ndlr). Réglé par l'élection, par la concertation publique, par le vote du conseil. Autant d'étapes durant lesquelles nous avons présenté, défendu, adopté ce projet dans un cadre légal et démocratique."