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ARCHIVES. SOCIÉTÉ — La haine des gays reste bien présente dans la capitale azuréenne, malgré les nombreuses actions menées par les pouvoirs locaux et les associations sur le terrain. Moins revendiquée qu’ailleurs, elle s’est développée en silence mais avec violence dans les "zones sensibles" comme dans les beaux quartiers, obligeant certains homos Niçois à "un persistant dosage du danger", comme l’assurent les témoins de notre enquête, publiée cette semaine.
L'occasion pour certains politiques niçois de réaffirmer leur engagement contre la haine, d'émettre de nouvelles propositions, ou, pour d'autres… de manifester un flagrant désintérêt.
Christian Estrosi : "Tout mon soutien"
Du côté de la mairie, on souligne que Nice "respecte et accueille tous les amours" et qu'elle est engagée pour que "chacun, habitant ou visiteur, trouve sa place et s'épanouisse dans une cité bienveillante et inclusive."
M. Estrosi fait également valoir son bilan en matière de lutte contre l'homophobie, après avoir, comme il a souhaité le souligner, "porté un discours fort, empreint de respect et d'égalité" depuis son élection en 2008.
Le maire réaffirme "tout (son) soutien aux personnes LGBT niçoises victimes de violences ou de stigmatisations."
Ces dernières années, l'équipe en place a "joint aux paroles des actes en apportant une aide concrète, tout à la fois active et financière, aux partenaires associatifs locaux qui accompagnent les victimes et travaillent à faire reculer les les discriminations et les violences."
Mireille Damiano (Viva!): "Une priorité"
En réaction à notre enquête, Viva ! a transmis à Rivieractu une déclaration concernant les droits LGBT+: "nous faisons de la lutte contre les discriminations et tous les racismes, pour l'égalité des Droits, une priorité."
La liste (candidate aux municipales) soutenue par le parti communiste (PCF), la France insoumise (FI) et Génération.s dénonce "une société toujours très dominée par une vision patriarcale et ses préjugés."
Dans la lignée de notre article, "Viva!" souligne que "l'homophobie et la transphobie sont bien réelles à Nice : elles sont présentes dans tous les milieux sociaux."
"Les religions, les intégrismes, les mouvements politiques réactionnaires nourrissent l'homophobie. Nous devons tout faire pour protéger les victimes de ces discriminations" peut-on encore lire dans la déclaration commune.
Formations des policiers municipaux et accueil des jeunes rejetés
"Soutenir davantage les associations est indispensable mais, trop souvent, les municipalités se défaussent sur le monde associatif": "Viva!" propose ainsi de "mener, à Nice, une véritable politique municipale de lutte contre l'homophobie et la transphobie. Cette politique passe par des dispositifs d'aide et de prise en charge spécifiques pour les jeunes rejetés par leurs familles en raison de leur orientation sexuelle."
"Elle passe par une meilleure formation du personnel municipal, en commençant par les policiers municipaux qui, souvent, sont les premiers au contact des victimes. Elle passe également par un accompagnement des personnes transgenres dans leur démarches administratives et d'état civil."
Patrick Allemand (PS): "Des sanctions exemplaires"
Un langage de vérité du côté du candidat socialiste : "l'homophobie est un fléau contre lequel nous devons lutter sans relâche" a-t-il martelé auprès de Rivieractu.
"On ne doit rien laisser passer car la petite réflexion d'un jour peut justifier et se transformer en 'baston' le lendemain. La banalisation de certains mots et des expressions participent, on le sait toutes et tous, à la banalisation de l'homophobie."
"Lorsque les lignes rouges sont franchies, des sanctions doivent s'appliquer et être exemplaires" a poursuivi M. Allemand.
Réaffirmant un point de vue déjà développé dans une interview publiée dans nos colonnes en octobre, le candidat a déclaré que "pour ce qui concerne les stades, le maire doit pouvoir agir contre les comportements homophobes qui, malheureusement, sont légions."
"J'ai d'ailleurs soutenu moi-même la Ligue de football quand il a été décidé, à Nice comme ailleurs, d'interrompre les matchs lorsque des banderoles homophobes sont déployées."
"Le maire, garant du vivre ensemble, se doit de convoquer, à chaque fois que cela arrive, les clubs de supporters qui franchiraient cette ligne rouge."
M. Allemand est à ce jour le seul homme politique de Nice à avoir adopté un positionnement fort et clair contre la LGBTphobie revendiquée par certains supporters de l'OGC Nice et à soutenir le principe de sanctions à leur encontre.
"Je considère par ailleurs que des actions de prévention doivent être menées et généralisées dès l'école et dans les quartiers, en s'appuyant sur la vie associative" a-t-il conclu.
Le grand absent : Philippe Vardon (Rassemblement national)
Il y a parfois des silences qui en disent plus que de longs discours.
M. Vardon a fait valoir "un emploi du temps chargé" pour ne pas prendre position sur la question de la haine des gays à Nice, alors que les associations niçoises de lutte contre l'homophobie lui reprochent dans notre enquête "d'être le seul politicien à ne pas s'être intéressé à (elles), et à n'être jamais venu (les) rencontrer."
Le passé identitaire de Philippe Vardon l'a-t-il également refroidi, alors que ces groupes sont accusés par l'un de nos intervenants de contribuer "aux cassages de pédés" en ville ? La question reste entière, puisque nous n'avons pas pu connaître le point de vue du candidat. Qui nous a tout de même envoyé ses propositions en matière de bien-être animal. Question de priorités.