SOCIÉTÉ — Un climat social digne des années 1960 ? Dans le monde entier, les mouvements de protestation d'ampleur se multiplient depuis plusieurs mois.
Spontanés, avec des causes variées — nouvelle taxe sur les conversations WhatsApp au Liban, un projet de loi d'extradition à Hong-Kong,… — ils n'ont pas forcément de liens les uns avec les autres tant les réalités culturelles, politiques et sociales de ces territoires sont différentes.
Toutefois, certains thèmes reviennent fréquemment : pouvoir d'achat, corruption ou fraude électorale.
![]() |
Photo : Fotomovimiento |
1. Comment expliquer cette augmentation des manifs ?
Les analystes auraient trois explications : économiques, démographiques et conspirationnistes.
ÉCONOMIE. La question du pouvoir d'achat a mené les gens dans la rue au Chili, après l'augmentation du prix du ticket de métro, dans un pays où la population est déjà très pauvre et les inégalités galopantes.
DÉMOGRAPHIE. D'après leurs travaux, les jeunes seraient les plus motivés à partir manifester.
Comme dans les années 1960, aujourd'hui, « l'excédent de jeunes gens éduqués », avec la généralisation de l'enseignement supérieur, fait qu'il y a plus de personnes diplômées que d'emplois disponibles.
CONSPIRATIONNISME. Il arrive que les gouvernements attribuent les mouvements sociaux à des « forces étrangères ».
Des pays comme Cuba ou le Venezuela sont par exemple parfois accusés d'attiser les mouvements latino-américains, de même que les services secrets américains (la CIA ayant déjà été compromise dans certaines opérations secrètes).
![]() |
Photo : Christophe Becker |
2. Qu'est-ce qui change vraiment aujourd'hui, puisque ces facteurs ne sont pas vraiment nouveaux ?
Les smartphones ont tout bouleversé dans l'éclatement des mouvements sociaux.
Pour s'organiser rapidement et efficacement, sans passer par les médias (et anonymement), il n'y a rien de plus efficace que les réseaux sociaux et les nouvelles technologies.
Ces réseaux sociaux amplifient également les opinions, même minoritaires et les « bulles de filtre » : on va avoir tendance à suivre sur Facebook ou Twitter par exemple les personnes qui partagent nos opinions sur la société, pour parfois se retrouver enfermés sans le savoir dans un cercle où seule une idéologie domine. Un phénomène qui facilite les radicalités.
![]() |
Photo : Stuart Bannocks |
On dit que la messagerie cryptée des portables Blackberry auraient grandement aidé les émeutiers londoniens de 2011 à échapper à la vigilance de l'Etat britannique et de ses services.
3. Pourquoi les gens ne veulent pas protester autrement ?
Parce qu'ils ne pensent pas que ça soit efficace. « Les canaux politiques habituels apparaissent désormais stériles » avance The Economist.
Certains mouvements, comme en Algérie ou au Soudan, « visent des régimes autocratiques où les élections ne sont qu'une farce.»
En France, le désamour (et la défiance) des citoyens pour leurs représentants politiques et syndicaux expliquerait également, pour partie, le mouvement des "gilets jaunes".