Touristes, circulation du variant Delta, tension hospitalière, vaccination,… On fait un point complet sur la situation dans les Alpes-Maritimes avec Romain Alexandre, le directeur départemental de l’Agence régionale de santé (ARS).
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NICE-PRESSE : Où en est la circulation du virus à l’instant T dans le département ?
Romain Alexandre : "On a un taux d’incidence à 468 ; on constate donc une diminution qui se poursuit depuis trois semaines maintenant. Ce taux reste élevé, mais nous avions atteint presque 700 le dernier week-end de juillet et le premier d’août, ce qui s’est traduit par un recours à l’hospitalisation.
"Dans les Alpes-Maritimes, nous sommes en capacité d'accueillir l'ensemble des patients Covid"
Romain Alexandre, ARS
Aujourd’hui on a plus de 200 patients hospitalisés à cause du Covid-19 et cela comprend 48 personnes en réanimation, 17 soins intensifs en oxygénothérapie, et 20 en lits intermédiaires de médecine. On a aussi 118 patients en hospitalisation conventionnelle, c'est-à-dire dans les services de médecine et d’infectiologie, et le tout, sur tous les établissements du département.
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Dans les Alpes-Maritimes, nous sommes en capacité d'accueillir l'ensemble des patients Covid, répartis dans les établissements publics et privés."
Quels facteurs sont, selon vous, à l’origine de cette baisse du taux d’incidence ?
"Le pass sanitaire a été mis en place le 9 août et permet déjà de contenir le virus et contribue à la diminution de la circulation virale.
Nous sommes dans un département où le taux de primo-vaccinés est très élevé, de plus de 70%. On a peut-être aussi la conséquence des actions mises en places quand le taux d’incidence est monté très haut : les messages de rappel, la mise en place de mesures barrières, le 'pass sanitaire', toutes les mesures de protection renforcées."
Le taux d'incidence va-t-il continuer de baisser ?
"Je le pense, compte-tenu du départ des touristes et de la rentrée, il y aura moins de brassage de population.
On observe la tendance à la diminution sur trois semaines consécutives, donc on a bien cette trajectoire à la baisse. Cela dit, il convient d’être particulièrement vigilant : la rapidité de cette diminution serait un mauvais signal si cela se stabilisait et qu’on ne parvenait plus à diminuer le taux d’incidence."
Où en est-on au niveau de la pression hospitalière ?
"Elle se calcule sur la réanimation. Actuellement, nous avons 90 lits de réanimation ouverts, et quand on additionne les patients Covid et les non-Covid, on obtient 92% des lits de réanimation occupés.
Maintenant, au niveau des patients atteint du Covid, sur les 87 hospitalisés actuellement, 48 sont en réanimation, ce qui nous donne un taux de pression hospitalière à 55%.
Le taux d’incidence baisse, mais les hospitalisations augmentent : pourquoi ?
"Il y a toujours un décalage de 7 à 10 jours : on est sur un taux d’incidence assez élevé et en parallèle, on observe un ralentissement des hospitalisations conventionnelles.
En fait, c’est dû à l’admission de patients qui peuvent être amenés à recourir à la réanimation entre 7 et 10 jours après la déclaration du virus. Il y a ce phénomène qui fait que les hospitalisations sont toujours marquées en retard. Il faut également noter que les personnes sont parfois positives au sein de leur domicile, la situation s’aggrave et ils ne se présentent aux urgences qu’au bout d’une semaine."
La vague que nous connaissons aujourd’hui est-elle différente des précédentes ?
"Oui, même si ce taux d’incidence est très élevé, le nombre de personnes hospitalisées, quoique toujours très élevé lui aussi, reflète les effets de la vaccination. En janvier, février et mars, nous étions montés à plus de 88 patients covid en réanimation : aujourd’hui, nous en avons une cinquantaine."
Quel est le profil des personnes hospitalisées ?
"La moyenne d’âge des patients en réanimation est de 58 ans, et l’âge médian est 60 ans. Il faut noter qu’on a quand même 22% de patients qui ont moins de 50 ans.
"La coordinatrice des soins critiques, Carole Ichai, signalait vendredi dernier que 9 patients sur 10 en réanimation n’étaient pas vaccinés"
Romain Alexandre, ARS
Nous avons tous les âges, et tous les profils, y compris les personnes ne présentant pas de comorbidité.
La première vague a énormément touché les personnes âgées, notamment en EHPAD. Aujourd’hui, on voit que depuis la vaccination, il y a une très forte protection, mais on s’aperçoit aussi que cette vague est atypique dans le sens où elle touche quand même des patients beaucoup plus jeunes."
Le plan blanc a été mis en place au niveau de la région le 10 août dernier : que vient-il apporter à la gestion de la crise dans nos hôpitaux ?
"Les établissements de santé ont à leur disposition des possibilités d’heures supplémentaires pour les personnels, mais également des aménagements d’horaires qui peuvent permettre de faire face à une éventuelle augmentation des hospitalisations."
Quels sont les objectifs en termes de vaccination d’ici la fin de l’été ?
"Nous souhaitons réussir à promouvoir la vaccination et atteindre un taux de vaccination le plus élevé possible. Cela veut dire, d’une part, que nous souhaitons avoir, fin août, au moins 50% des 12-17 ans ayant reçu une première dose, et arriver à une couverture vaccinale de 85 à 90% pour la population des Alpes-Maritimes d’ici la fin de la saison. Il faut poursuivre les efforts.
Nous avons une trentaine de centres de vaccination dans le département. Plus on arrive à un taux de couverture vaccinale élevé, on le voit, moins on aura recours à des hospitalisations pour des formes graves."
Où en est la vaccination des adolescents à une semaine de la rentrée ?
"Aujourd’hui, nous en sommes à 46% des adolescents (12-17 ans) qui ont déjà une première dose. D’après les projections, on devrait être à plus de 50% à la fin du mois d’août. L’objectif, en lien avec l’Education Nationale, la Métropole de Nice, le Conseil départemental, le Conseil régional et les centres, c’est de permettre de vacciner très rapidement tous les 12-17 ans qui le souhaitent. J’espère qu’ils seront très nombreux."
Après les 12-17 ans, qu’en est-il des quartiers populaires ? De nouvelles opérations "aller vers" sont –elles prévues ?
"Les opérations 'aller-vers' se poursuivent : il y a les centres commerciaux qui vaccinent très largement. À Cap 3000 par exemple, on compte jusqu’à 500 vaccinations par jour. Il y a une très forte fréquentation, c’est sans rendez-vous, c’est sept jours sur sept.
Il y a également des opérations menées dans les quartiers politiques de la ville, et auprès des foyers d’hébergement : ça se poursuit, oui."
Où en est-on au niveau de la troisième dose de vaccin ?
"La Haute Autorité de Santé doit rendre un avis dans les prochains jours, et cette troisième dose devrait être opérationnelle à partir du 15 septembre, pour les résidents d’EHPAD d’unité de soin longue durée, et les plus de 80 ans. Ce rappel vaccinal est d’ailleurs déjà permis pour les personnes immunodéprimées."
Propos recueillis par Amel Benrezzak le 23 août 2021