NICE-PRESSE. Comment l'EDJ a réagi dans les premiers jours du confinement ?
MARIE BOSELLI-BERENGUER. Notre priorité a été de pouvoir assurer la continuité pédagogique aussi rapidement que possible. Dans un premier temps, nous avons contacté notre avocat et notre assureur pour voir dans quelles conditions nous pourrions ouvrir l'école, malgré le confinement. Il a fallu se rendre à l'évidence, cela n'était pas possible. Alors nous avons cherché, puis testé, les meilleurs outils pour rester en contact avec nos professeurs et nos étudiants.
"Soit on coule, soit on se donne les moyens de flotter"
N-P. Avez-vous une idée de la date à laquelle l'EDJ pourra rouvrir ses portes ?
M. B-B. Il devient clair que l'enseignement supérieur ne pourra pas reprendre complètement d'ici à l'été. Pourtant, on annonce la réouverture des écoles après le 11 mai. Pourquoi le permettre pour les enfants du primaire et pas pour des étudiants de 20 ans ? On est sur un message brouillé, peu cohérent.
N-P. Dans quelles conditions les enseignements ont-ils repris ?
M. B-B. Dans des situations aussi compliquées, soit on coule, soit on se donne les moyens de flotter. Et je dois dire que nos professeurs ont été hyper réactifs. Nous avons dû les former aux nouveaux outils numériques (notamment le logiciel de visioconférences Zoom) pour qu'ils puissent assurer leurs cours.
Les séances de culture (droit, histoire des médias, économie,…) sont assurées sans problème, en visio.
À l'EDJ, les futurs journalistes sont formés sur le terrain, dans les conditions du réel. Le confinement nous prive, en partie, de cela. Pour autant, nous avons trouvé des solutions. Nos formateurs et nos étudiants ont été exceptionnels. Nous les encourageons à être créatifs, à trouver de nouveaux angles pour leurs sujets, des façons de travailler plus originales.
Pour le cours de télévision, ils peuvent notamment se perfectionner avec leurs smartphones (le Mobile Journalism, MoJo, NDLR) ce qui leur servira dans les rédactions qui fonctionnent de plus en plus avec ces outils.
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Nous expérimentons aussi un exercice plus anglo-saxon du métier, avec un peu moins de "factuel", plus d'analyse. La situation que nous vivons est une occasion de perfectionner nos enseignements, de tenter de nouvelles choses.
N-P. Quelles leçons les étudiants peuvent-ils tirer de tout cela ? Que le journalisme est un métier particulier, qu'il faut savoir s'adapter, s'endurcir ?
M. B-B. Ce qui est sûr, c'est que les valeurs premières de ce métier sont plus que jamais requises : la curiosité, l'ouverture d'esprit, la débrouillardise… Nos étudiants sont courageux. Certains ont pu avoir des mouvements d'humeur, d'autres être tentés de baisser les bras.. Mais dans l'ensemble, je suis impressionnée. Il y a une vraie réactivité des enseignants, une envie chez les étudiants. Tout le monde s'accroche.
"Ce métier fait rêver"
N-P. Beaucoup de stages de fin d'études étaient prévus, les projets des étudiants reposaient souvent sur eux.
M. B-B. Malheureusement, nous n'avons que peu de visibilité sur cela. Nous avions, avant le confinement, décroché de beaux stages dans de grandes rédactions parisiennes, notamment. Avec la crise, nous ne savons pas s'ils seront repoussés, annulés… De plus, chaque entreprise a ses propres règles sanitaires. Pour l'instant, nous tenons les étudiants aussi informés que possible, mais on est dépendants du flou dans lequel nous sommes tous plongés.
N-P. Où en êtes-vous au niveau des inscriptions des nouveaux étudiants pour la rentrée prochaine ?
M. B-B. Nous avons réussi à mener une journée porte-ouvertes virtuelle qui a attiré 200 jeunes, c'est un chiffre tout à fait enthousiasmant. Le nombre de candidatures est correct, malgré tout. Si c'était encore à prouver, cela nous montre que ce métier fait rêver.