À la veille de la campagne pour l'élection municipale, la secrétaire générale du groupe Un Autre Avenir pour Nice (gauche) à la Ville et à la Métropole livre sa vision de la politique sociale, de la sécurité, de l'environnement et des autres enjeux majeurs qui occuperont le débat public dans les prochains mois. Bilan et perspectives.
C.A. : On devait savoir autour du 10 octobre le nom du candidat PS à la mairie. Ces dernières semaines, contre toute attente, on a appris que Xavier Garcia pourrait vouloir se présenter à la place de Patrick Allemand. Où en est le PS 06 ?
Fouzia Ayoub : Effectivement, on devait avoir un nom vers le 10 octobre. Dans certaines villes où ça se passe bien, les candidats PS pouvaient faire campagne dès cet été. À Nice, on n'a toujours pas commencé.
Aujourd'hui, nous n'avons pas de nouvelles informations à communiquer. C'est par Nice-Matin qu'on a appris que le PS à Paris pouvait nommer un candidat s'il n'y avait pas d'entente ici ! Les militants seraient très mécontents de ne pas pouvoir faire ce choix par eux-mêmes.
"Les pauvres on les veut bien, mais pas dans le centre-ville"
Faisons un rapide bilan de votre action. Quelles sont les 3 choses que les électeurs peuvent retenir de l'action d'Un autre Avenir pour Nice pendant cette mandature ?
On peut retenir la cantine à 1 euro. Cette initiative a permis de proposer plus de tranches de prix de repas pour représenter davantage la diversité des situations et venir en aide aux plus fragiles.
On s'est battus pour ça. C'est un plus pour la justice sociale à Nice, dans un contexte de grande paupérisation.
C'est aussi notre groupe qui a dénoncé la politique de la Ville au moment de l'histoire de la fontaine de la place du Pin.
Au moment où le maire de Nice #Estrosi signe avec la Croix Rouge le plan canicule, il ferme "en même temps" la fontaine située place du Pin qui sert aux Niçois les plus vulnérables.
Franchement, est-ce bien raisonnable ?
#Nice06 #PlanCanicule #DelEauPourTous pic.twitter.com/9rFdF0jQ7e— Fouzia Ayoub (@FouziaAyoub) July 11, 2018
A Nice, les pauvres on les veut bien, mais pas dans le centre-ville. On nous dit que les fontaines sont accessibles dans les jardins publics. Certes, mais ils sont fermés la nuit !
Un Autre Avenir pour Nice a également créé un fonds pour répondre aux nouvelles règles de sécurité que l'on impose aux associations. Par exemple, la Fête du château, un vrai rendez-vous populaire qui fait partie de la tradition niçoise, n'aurait peut-être pas pu se faire cette année sans cette aide.
"On met trois bouts de pistes cyclables, c'est fait en dépit du bon sens!"
Quels devraient être les sujets majeurs de la campagne pour l'élection municipale ?
Le logement, les transports, le social et l'environnement.
Certains Niçois se sentent abandonnés. Aux Liserons, il n'y a pas assez de lignes de bus. C'est un quartier enclavé. Pour aller au travail, certains habitants doivent se lever très tôt et beaucoup marcher pour rejoindre les transports.
Il y a également de plus en plus de pauvres à Nice, c'est une réalité. On peut faire davantage.
C'est pour cela qu'on défend le petit déjeuner gratuit dans les établissements. C'est une vraie garantie pour l'égalité des chances. Je suis une enfant de la République, je sais tout ce que l'école peut et doit apporter aux enfants.
Intervent° de @patrickallemand sur la convent° de mise en œuvre du dispositif Petits déjeuners dans les écoles de Nice.
C'est bien entendu une délibération votée par les élus du groupe Un Autre Avenir pour Nice.
Aucun enfant ne doit commencer sa journée le ventre vide !#Nice06 pic.twitter.com/V46kC8sR1Q— Fouzia Ayoub (@FouziaAyoub) September 27, 2019
Christian Estrosi a pris conscience de la nécessité d'agir pour le social. C'est un républicain qui a redonné des moyens aux associations après l'ère Jacques Peyrat.
Mais comme souvent, il retombe vite dans la politique politicienne. Le renvoi de l'adjointe aux affaires sociale Joëlle Martinaux montre qu'il n'est parfois pas crédible dans son discours (elle était privée de cette délégation au moment du vote de sa démission, NDLR).
Les arrêtés anti-mendicité et l'affaire des fontaines donnent de mauvais signaux, c'est incompréhensible. Ici, on s'attaque trop souvent aux pauvres plutôt qu'à la pauvreté.
Enfin, on n'a pas assez pris conscience des enjeux environnementaux.
Prenez le vélo à Nice.
On met trois bouts de pistes cyclables, il n'y a pas de vrai réseau, c'est fait en dépit du bon sens ! C'est exactement la même chose pour la végétalisation. On met des rangées de verdure dans certaines rues sans penser à la circulation.
« Une autre vision de la sécurité »
On parle déjà beaucoup de sécurité à Nice, avant même le début de la campagne. Pensez-vous qu'il s'agisse d'un sujet que l'on doive autant traiter ?
C'est tout à fait personnel, mais je ne pense pas qu'il s'agisse d'un sujet majeur.
On n'oubliera évidemment jamais l'attentat de juillet 2016. Mais il aurait pu arriver partout. Christian Estrosi a été arrogant en affirmant quelques mois avant qu'une telle attaque était impensable à Nice. Quelle irresponsabilité… Il faut garder beaucoup d'humilité sur tous ces sujets complexes.
Déjà, sur le plan de la sécurité, on manque parfois de bon sens.
Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de caméras de surveillance aux Liserons alors que la police dit que le quartier concentre une bonne part du trafic de drogue ? On est une "smart-city", on pourrait trouver l'équipement adéquat.
Il n'y a pas assez de policiers dans certains quartiers, en dehors des "actions coup-de-poing", et des commissariats qui ferment.
Beaucoup de gardiens d'immeubles ont quitté ces quartiers, alors qu'ils avaient souvent un vrai rôle de médiateurs. C'est ce genre de "garde-fous" qui nous manquent aujourd'hui.
La sécurité peut être réellement garantie par une autre vision que celle que l'on a actuellement.
Avec une politique plus sociale on pourrait solutionner beaucoup des problématiques auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui.
Vous avez souvent dit ces dernières années que le secteur des Liserons, que vous connaissez bien, cristallise les lacunes de Nice en matière de logement.
Par exemple, on a des charges dont le montant est en décalage total avec le service réellement fourni.
On a des rénovations superficielles. Certains ensembles datant des années 1960 n'ont jamais été repeints, et les rares qui l'ont été sont ceux dont la façade donne sur la ligne de tram, pour ne pas choquer ceux qui se rendent à l'hôpital Pasteur.
D'autre part, les réponses de Côte d'Azur Habitat à ces problématiques, quand il y en a, sont réellement incompréhensibles.
On parle surtout de ce quartier quand il y a des problèmes de délinquance ou de propreté. Que pensez-vous de son image ?
On pourrait davantage parler des initiatives positives qui existent. J'ai beaucoup d'affection pour ce quartier où j'ai vécu, et je n'abandonnerai jamais les gens qui y vivent.
On voit s'organiser là-bas des choses formidables.
Prenez les associations, qui font un vrai travail de terrain, notamment avec les enfants. Je pense à Galice 06 par exemple.
Les habitants se réapproprient leur quartier. Il y a des évènements, notamment sportifs, où tout le monde sort et se retrouve.
C'est dans ces occasions que l'on voit la population qu'on n'entend pas beaucoup mais qui est là et qui veut que les choses changent.