Mathilde Castanié, 20 ans, étudiante en histoire, organise ce soir un rassemblement "citoyen et féministe" pour dénoncer le remaniement ministériel qui acterait "un recul des Droits des femmes." Plusieurs collectifs, dont la CGT 06 et l'UNL, lui ont apporté leur soutien.
NICE-PRESSE. Quel est le mot d'ordre de l'évènement ?
Mathilde Castanié : Nous avons des revendications surtout féministes. On interprète ce nouveau gouvernement comme un réel foutage de gueule (sic). On aurait pu s'attendre à un virage social avec le succès des écologistes aux municipales. On a un gouvernement Sarkozy-bis, avec un potentiel criminel à l'Intérieur.
N-P. Gérald Darmanin n'est pas mis en examen dans le cadre de cette accusation de viol. Il a demandé hier jeudi 9 juillet à ce que la présomption d'innocence soit respectée.
M. C. : Aucune féministe ne remettra en cause ce principe. Pour autant, trop souvent, cette présomption d'innocence pour les violeurs se transforme en présomption de culpabilité ou de mensonge pour les femmes victimes.
C'est aussi un message particulièrement négatif qui est envoyés aux LGBT, puisque Darmanin a beaucoup soutenu la "Manif pour tous" et a combattu violemment le mariage gay.
Au delà du ministre, nous dénonçons le message d'une rare violence qui est envoyé par le gouvernement.
C'est une vraie blessure pour les femmes engagées, pour les victimes, de voir qu'on met au secrétariat d'État dédié quelqu'un qui porte un féminisme du XIXème siècle. On craint pour nos Droits avec l'arrivée d'Élisabeth Moreno.
N-P. Pourquoi vous opposez-vous à la nomination de l'avocat Éric Dupond-Moretti à la Chancellerie ?
M. C. : On ne lui reproche pas d'avoir défendu tel ou tel agresseur, c'est son métier d'avocat. Mais son arrivée au gouvernement est cohérente avec celle de Darmanin. Il a eu des paroles très violentes contre le mouvement #MeToo.
"On ne progresse pas, au contraire"
On assiste, avec cette nouvelle équipe gouvernementale, à un recul plus que symbolique dans le combat pour la défense des femmes.
Malgré une réelle prise de conscience ces dernières années, on ne progresse pas, au contraire : avant, Dominique Strauss-Kahn ne pouvait pas être président. Aujourd'hui, Gérald Darmanin peut être le premier flic de France.
N-P. Qu'attendez-vous du rassemblement de ce soir à Nice ?
M. C. : Ce n'est pas un rassemblement politique, c'est un évènement citoyen. Tout le monde pourra prendre la parole, se faire entendre, combattre l'indifférence.
C'est un vrai défi d'organisation puisqu'il n'y a plus de vraie association féministe à Nice.
Rassemblement déclaré en préfecture contre "le remaniement de la honte", ce vendredi 10 juillet 2020 devant le palais de Justice de Nice, 18 heures.