❝ L'invité du dimanche - Très haut dans les sondages, le Rassemblement national va entamer d'ici quelques jours sa campagne pour les régionales en Provence-Alpes-Côte-d'Azur avec trois priorités : la sécurité, le développement durable et la culture. Entretien avec le patron du RN niçois et conseiller régional Philippe Vardon.
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Régionales
Les derniers sondages vous donnent une probabilité de victoire. Qu'est-ce qui a changé depuis 2015 ?
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"Et notre campagne n'a pas réellement commencé ! Nous allons encore monter. En réalité, nous nous y préparons depuis décembre 2015 : toujours en première ligne, toujours présents.
Le contexte national a changé. Christian Estrosi et Renaud Muselier essaient de 'dépolitiser les choses' avec des alliances qui relèvent de la cuisine politique. Les Français réclament au contraire de la clarté : c'est ce que nous apportons.
Nous avons également gagné six ans d'expérience, de travail en profondeur des différents dossiers."
Ce n'est plus honteux pour certains électeurs d'assumer qu'ils votent RN, selon vous ?
"Non, de moins en moins. Surtout dans notre région."

Vous pointez beaucoup les relations que la Ville de Nice et la Région entretiendraient avec les Marcheurs… pensez-vous vraiment que ça passionne les électeurs ?
"Il n'y a pas vraiment de problème à travailler ensemble quand les projets relèvent de l'intérêt général. Au conseil régional, les élus RN ont pu voter certaines propositions de la droite. Eux refusent de le faire, même quand ils approuvent nos idées, par sectarisme.
"Ce que l'on dit, c'est que les gens méritent la vérité, pas ces postures, ces compromissions, ces alliances entre la droite et LREM qui ne sont pas assumées"
Philippe Vardon
Sinon, on laisse une impression d'arnaque qui fait du mal à la politique. On meurt de ça.
Un exemple : Éric Ciotti bombe le torse à Paris en affirmant qu'aucune alliance ne serait tolérée entre Les Républicains et les Marcheurs, alors qu'il investit à Nice Philippe Soussi, un adhérant LREM pour les départementales."
"La droite a un bilan inexistant sur le terrain économique"
Philippe Vardon
Votre programme économique était très critiqué aux précédentes régionales. En clair, vous "faisiez peur" sur ce point. À quoi faut-il s'attendre cette fois ?
"La droite a effectivement joué sur ça, mais elle n'a absolument aucune leçon à nous donner en la matière. Le budget régional d'aide aux entreprises est par exemple resté infiniment bas. L'exécutif sortant a un bilan inexistant sur le terrain économique.
Notre programme, que notre tête de liste portera bientôt, a évolué, tout comme le contexte. Nous allons par exemple porter la création d'un réel Comité régional du tourisme pour les montagnes (CRT Montagnes)."
La région ne sera pas isolée si vous êtes élus ?
"Certains ont dit ça aussi pour les municipales. Nos maires ont été réélus. Ce 'projet peur' ne fonctionne plus."

"La subvention accordée au planning familial est un sujet"
Philippe Vardon
Certaines positions très controversées sur le droit à l'avortement ou sur l'arrêt des subventions au planning familial ont pu heurter. Les portez-vous toujours ?
"Marion (Maréchal, NDLR) a dit qu'elle ne remettrait pas en cause ce droit mais qu'elle pensait à titre personnel que l'avortement est un drame. Le planning familial est un sujet, bien qu'il ne soit pas majeur. Il appelle à voter contre les candidats RN à toutes les élections, il est pour la régularisation des clandestins."
À Nice aussi vous avez récemment critiqué le financement du Centre LGBT. C'est le message que vous souhaitez envoyer si vous êtes élus, la fin des associations qui défendent le droit des femmes, des minorités ?
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"Les associations n'ont pas l'obligation de se financer intégralement avec l'argent public, déjà. Dans le cas du Centre LGBT, nous ne critiquons par les actions menées. Nous voulons que soit signée une charte qui oblige ces collectifs à ne pas appeler à voter pour tel ou tel candidat : quand les impôts de chaque citoyen sont utilisés pour les aider, elles n'ont pas à stigmatiser une part des électeurs."
Quels seront vos grands axes cette année ?
"Nous étions solides déjà sur l'environnement, nous allons approfondir notre programme en la matière. C'est une thématique qui irrigue tous nos axes, puisqu'il s'agit de développement durable. Nous allons agir pour la préservation du patrimoine.
"Nous allons aussi avancer sur la sécurité, le boulot n'a pas été fait. On ne peut pas tout faire mais il faut faire tout ce que l'on peut : nous allons créer une police régionale des transports"
Philippe Vardon
Les atteintes aux personnes ont fortement augmenté depuis des années : maintenant, il faut reprendre les choses en main.
Renaud Muselier et Christian Estrosi ont envoyé des médiateurs dans les lycées. Nous, nous allons envoyer des agents qui pourront réellement intervenir. Notre tête de liste s'exprimera prochainement sur cette proposition.
"Quand la Région vous appelle pour vous réclamer un soutien, ce n'est pas un téléphone que vous avez sur la tempe : c'est un flingue"
Philippe Vardon
Vous avez également attaqué le président sortant sur sa politique culturelle. Que feriez-vous à sa place ?
"Renaud Muselier a fait rédiger une tribune de soutien pour lui-même, avec des données mensongères. En réalité, contrairement à ce qu'il raconte, le budget annuel de la culture a baissé d'un million d'euros.
"Nous sommes en total désaccord avec cela : avec le RN, le budget de la culture sera sanctuarisé"
Philippe Vardon
Il serait irresponsable de dire que nous l'augmenterons de tant de millions sans savoir dans quel contexte économique nous seront dans quelques années. Ce qui est sûr, c'est que le pôle culturel sera consolidé autant que possible tout au long du mandat.

Je ne comprends pas comment des artistes, des acteurs du monde culturel ont pu soutenir l'initiative de Renaud Muselier. Cela dit, parmi les signataires de cette tribune, on trouve bon nombre de 'rentiers de la culture' et de militants politiques.
D'autres sont là parce que, quand la Ville de Nice ou la Région vous appelle pour vous réclamer une signature, ce n'est pas un téléphone que vous avez sur la tempe : c'est un flingue. Elles font régner une pression sur les artistes comme sur les sportifs de haut niveau pour se garantir un soutien public. Même de ceux qui votent pour nous…"
"Là où nous ferons des économies, c'est sur le budget de la communication que la gestion Estrosi-Muselier a augmenté de 100%"
Philippe Vardon
Le marketing, ils ne savent faire que ça. Et encore : on ne retient de ce mandat que la tentative de changement de nom de la Provence-Alpes-Côte-d'Azur pour Région Sud, et ça a heureusement raté."
Mettez-vous en avant la culture pour vous départir d'une image d'extrême-droite ?
"Non, il y a des clichés, des a priori sur nous, parfois des fake-news. Contrairement à ce que semble faire le camp Muselier, nous allons nous positionner sur la vérité tout au long de cette campagne."
5 questions sur l'actu niçoise
2.5 milliards d'euros d'investissement ont été annoncés cette semaine dans le cadre du Contrat de relance et de transition écologique. Une bonne nouvelle pour la Métropole ?
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"Christian Estrosi finance avec cela ses projets coûteux et inutiles. Je note que 100 millions d'euros sont encore une fois injectés dans les quartiers (Liserons, Moulins…) et seulement 10 pour les villages du Moyen et du Haut-Pays. Les 25.000 emplois sauvés ou créés, c'est une formule de communication. De même, nous allons encore bétonner en centre-ville ou à l'ouest alors que les habitants ne veulent pas des logements sociaux et que les bureaux construits à Méridia sont vides depuis des années."
16.000 demandes sont déposées chaque années, il faut plusieurs années pour obtenir un logement social chez nous. Et il ne faudrait pas construire ?
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"Le problème, c'est la politique d'immigration incontrôlée prônée par Macron et soutenue par Christian Estrosi. Les Niçois voient comment ces logements sociaux peuvent dégrader leur cadre de vie. "
Plus de la moitié des fonds de ce plan sont consacrés à la transition écologique, y voyez-vous une avancée dans le développement durable du territoire ?
"C'est un slogan. Déjà, nous n'avons pas le détail des projets financés. Et regardons ce que Christian Estrosi voit comme étant du développement durable : des pistes cyclables partout qui chassent les voitures du centre-ville ? Quelques pots de fleurs ? Du béton?"
Que pensez-vous de l'extension des compétences de la police municipale, validée par le vote définitif de la loi Sécurité globale cette semaine, et demandée par la Ville de Nice depuis un moment ?
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"Au vu des excellentes relations que le maire entretient avec le gouvernement, il aurait pu, surtout, nous obtenir les 100 policiers nationaux qui nous manquent à Nice. J'espère que ce texte ne va pas contribuer au désengagement de l'État."
Les indicateurs sanitaires se sont beaucoup améliorés ces derniers jours. Faut-il déconfiner Nice ?
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"Il faut laisser les commerçants travailler et en finir avec le couvre-feu qui ne sert à rien si ce n'est, peut-être, à aggraver les choses. Il faut rouvrir les terrasses, nous allons être les derniers à le faire.
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Christian Estrosi a assuré qu'il y avait un engagement de Jean Castex pour nous déconfiner une fois le taux d'incidence sous la barre des 400. Nous y sommes largement (243 au 17 avril, NDLR). Ils se sont vus jeudi, lui en a-t-il reparlé?"
Propos recueillis par Clément Avarguès le 16 avril 2021