Le dossier des JO d’hiver Alpes 2030 continue de s’enliser. Annoncée initialement pour l’automne, puis pour « début février » à Lyon, la création du futur comité d’organisation a finalement été reportée de quinze jours supplémentaires.
Ce comité, dont le siège sera établi à Lyon, verra officiellement le jour le 18 février, selon une source proche du dossier citée vendredi par l’AFP. Un délai qui s’explique par la nécessité d’attendre l’avis de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), saisie dès l’automne. L’instance doit évaluer d’éventuels conflits d’intérêts du futur président ou de la future présidente du Cojo, selon plusieurs sources olympiques.
Interrogée par l’AFP la semaine dernière, la HATVP a précisé qu’elle n’avait pas encore rendu son verdict et que ce dernier ne serait pas rendu public, sans pour autant donner de calendrier précis. Créée dans le sillage de l’affaire Cahuzac, cette autorité a notamment pour mission d’examiner les intérêts et le patrimoine des « représentants légaux » des organisateurs de compétitions sportives internationales sur le territoire français.
Il y a deux mois, la dernière réunion organisée à Matignon sous l’égide de Michel Barnier, alors Premier ministre, avait conduit à la saisine de la HATVP. L’État, le comité olympique français ainsi que les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur peinent toujours à s’accorder sur le choix du président.
En ligne de mire de cet examen : le quintuple champion olympique de biathlon, Martin Fourcade, et ses contrats de partenariat. Si l’Élysée et le CIO soutiennent sa candidature en raison d’un profil rappelant celui de Tony Estanguet, actuel patron des JO de Paris 2024, il ne bénéficie pas du soutien de Laurent Wauquiez, ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et désormais président des députés LR à l’Assemblée nationale.
Les multiples reports viennent perturber un calendrier déjà fragile. Initialement, le comité devait voir le jour à l’automne 2024, à l’issue des Jeux de Paris. Mais l’instabilité politique et les désaccords persistants sur la présidence ont chamboulé les plans. Michel Barnier, ex-organisateur des JO d’Albertville 1992 aux côtés de Jean-Claude Killy et ancien négociateur du Brexit, tente désormais de jouer un rôle de médiateur bénévole pour concilier les différentes parties.
« C’est plus long que prévu, mais les choses avancent. Nous avons eu une naissance rapide du projet, ce qui a pu occulter certaines étapes essentielles », analysait récemment David Lappartient, président du comité olympique français, auprès de l’AFP.
« Un dossier monté en seulement quatre mois », résume-t-il, qui a néanmoins reçu l’aval du CIO dès novembre 2023.
Martin Fourcade, quant à lui, concède que le projet est « complexe », mais affirme être « fasciné » et « attiré » par ce défi. Engagé sur les questions environnementales, il sait que les Jeux d’hiver doivent faire face à un avenir incertain en raison du réchauffement climatique.
Dans l’ombre, l’impatience grandit, tant du côté du CIO que des élus locaux. Patrick Martin, maire de Val d’Isère, attend toujours de savoir si sa commune figurera parmi les sites retenus. « Il faut trancher, qu’on me dise oui ou non. Chaque jour perdu pèsera lourd dans la dernière ligne droite », avertissait-il en décembre auprès de l’AFP.
Malgré ces embûches, une source gouvernementale assure que « le projet avance, il est solide, bien que complexe et marqué par des divergences de points de vue ».
Toutefois, de nombreux enjeux restent en suspens. Le budget, bloqué en décembre après une censure, n’a toujours pas été adopté. Il comprend notamment la garantie financière de l’État en cas d’annulation des Jeux, une condition que le CIO exige de voir validée avant mars. À cela s’ajoute le financement de la future société chargée des infrastructures olympiques (Solideo) : sur les 20 millions d’euros prévus, seuls 9 ont été attribués par le gouvernement.
Un autre texte crucial est attendu : une loi olympique, à l’image de celle adoptée en 2018. Elle inclura des assouplissements réglementaires, notamment en matière d’urbanisme et de procédures administratives. Selon la ministre des Sports, cette législation spécifique devrait être examinée d’ici le premier semestre
(Avec AFP)



