Le quotidien local est accusé par Philippe Vardon et certains internautes d'avoir livré une vision trop idéalisée de la marche pacifique contre les discriminations de ce samedi 6 juin à Nice. Après vérification, les insultes anti-policiers n'ont pourtant pas marqué cet évènement.
VRAI DU FAUX — C'est une attaque ad hominem plutôt rare dans le petit monde médiatico-politique niçois. Dans un tweet envoyé hier dimanche 7 juin, le patron du RN local Philippe Vardon a tancé, prenant à témoin ses 26,000 followers, un reporter de "Nice-Matin" à propos de son article sur la marche niçoise contre le racisme de la veille.
Dans son post, le conseiller régional Rassemblement national qualifie le papier du journaliste de "récit amoureux" avant de sous-entendre qu'il aurait passé sous silence des pancartes anti-police.
D'autres internautes ont reproché une trop grande mansuétude des journalistes locaux à l'égard d'une manifestation pourtant interdite.
Bonjour @franckleclerc06, manifestement dans votre récit amoureux de la manif interdite d’hier dans les colonnes de @Nice_Matin vous avez « oublié » de causer de quelques pancartes et slogans. pic.twitter.com/3G7E5MSVf0
— Philippe Vardon (@P_Vardon) June 7, 2020
Nous sommes en mesure de confirmer la véracité des quatre clichés relayés par M. Vardon, ces cartons apparaissant également sur certaines des photos prises par nos journalistes sur place samedi.
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D'autres incidents, constatés également par "Nice-Presse", ont émaillé la marche. À 18h, un début de chant "Policiers, violeurs, assassins…" a été entonné pendant une trentaine de secondes. Dans la foulée, un "Tout le monde déteste la police" a également été entendu. À 19h, un autre chant équivalent, toujours aussi peu suivi, a été brièvement lancé.
Ces trois fois, les organisateurs et les autres manifestants ont rapidement fait cesser ces initiatives, rappelant le mot d'ordre de la marche : "Rappelez vous que l'on manifeste contre les violences policières, pas contre les policiers."
D'après nos informations, il a été également demandé à ceux qui brandissaient les pancartes, dénoncées quelques heures plus tard par Philippe Vardon, de les jeter.
Sur Twitter, un slogan "Police partout, justice nulle part" a été dénoncé. Citation de Victor Hugo, elle s'adresse traditionnellement plus au gouvernement qu'aux forces de l'ordre elle-mêmes, puisqu'elle dénonce le manque de moyens accordés à la justice (au sens large, incluant également la justice sociale) face aux budgets alloués au sécuritaire.
Départ de la manifestation à Nice au cri de "police partout, justice nul part!" Cette manifestation ressemble plus à un appel contre la #police. #Nice pic.twitter.com/C90EpBygzB
— Julien D. (@juldesprez) June 6, 2020
Donc le @prefet06 annonce que les rassemblements sont interdits… puis laisse défiler, en demandant aux policiers d’encadrer gentiment la manif où ils se font insulter.
Il n’y a donc personne pour faire respecter la LOI et l’ORDRE à #Nice06 !? pic.twitter.com/1n9Ur9rTWK
— Philippe Vardon (@P_Vardon) June 6, 2020
Le caractère "calme" et "responsable" de la manifestation a été repris dans les comptes-rendus effectués par les policiers sur place à leur hiérarchie, d'après les informations de "Nice-Presse".
Un fist-bump (union solidaire des poings) entre des policiers nationaux et des manifestants a également rencontré un certain écho sur les réseaux sociaux. Cette image de fraternité, rare en France, a contribué à donner une large visibilité à la marche niçoise, applaudie sur les réseaux sociaux et montrée comme un exemple, notamment, par la militante Assa Traoré et par l'acteur Omar Sy.
Manifestants et policiers unis ce jour à #Nice06 le temps d’un « fist-bump ». Image rare en France. #BlackLivesMattters https://t.co/TTtZdcfn8T
— Johan Rouquet (@JohanRouquet) June 6, 2020
Les dérapages anti-policiers ayant été résiduels et condamnés par les organisateurs de la marche, nous n'en avons pas fait état dans nos papiers de ce week-end (celui-ci et celui-là), ces éléments ne nous semblant pas être les plus pertinents pour que le lecteur absent de cette marche puisse en comprendre l'esprit. Il en a été de même pour "Nice-Matin", qui n'a pas réagi au tweet de Philippe Vardon.
Ce traitement de l'information relève donc plus d'une hiérarchisation… que d'une vraie envie de camoufler les choses. En témoigne cet article.
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