Xavier Niel prépare sa nouvelle gouvernance dans le grand journal du Sud-Est
MÉDIAS — Enfin du mouvement à Nice-Matin. Après le retrait de l'offre de rachat de l'homme d'affaires libanais Iskandar Safa à la fin de l'été dernier, les salariés du journal restaient dans l'attente de la reprise en main du nouvel actionnaire, Xavier Niel.
En attendant le nouveau proprio, quasi aucune embauche de journalistes n'était possible.
Le projet de M. Niel sera examiné demain, jeudi 13 février, au cours d'une assemblée générale. Dans la foulée, le président du groupe, Jean-Marc Pastorino, devrait quitter ses fonctions.

Le patron de presse, nommé en septembre 2015, a commencé à Nice-Matin comme nettoyeur de rotatives, en 1978.
Ancien syndicaliste de la CGT, il est parvenu à la présidence du groupe au moment où celui-ci a pris le statut de coopérative, il y a cinq ans.
Son départ n'est une surprise pour personne. Ses relations avec le SNJ (Syndicat National des Journalistes) n'ont pas toujours été fameuses, pas plus que celles avec le directeur de la rédaction Denis Carreaux.
Cet été, M. Pastorino avait défendu avec vigueur l'offre de rachat d'Iskandar Safa, alors qu'une grande majorité de journalistes y était clairement défavorable.
La décision devrait être actée par les salariés-actionnaires jeudi 23 février, comme le note le magazine économique Capital.
Plan de départs et embauches
Le nouvel actionnaire (à 100%) promet un plan de départs volontaires pour 80 salariés non-journalistes.
Du côté de la rédaction, il serait question de 35 départs, en application de la clause de cession (une disposition permettant aux journalistes de partir avec un chèque quand le propriétaire change).
Ces départs devraient être compensés par des embauches.
Xavier Niel a également pris l’engagement de mettre sur pied à Nice-Matin une société des rédacteurs (SDR). Elle sera chargée de veiller à l’indépendance du titre et élira son directeur de la rédaction.
Le journal niçois, qui perd actuellement beaucoup d'argent, est contrôlé à 66% par 421 salariés-actionnaires, via une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) dont M. Niel va racheter les parts pour cinq millions d'euros environ — ce qui représente cinq fois la mise initiale des salariés, qui y avait investi leur treizième mois en 2015.
Nice-Matin tire quotidiennement 115.000 exemplaires, et emploie environ 850 personnes, dont près de 200 journalistes.