Vendredi 24 avril, le gouvernement a annoncé un "plan d'urgence" afin de venir en aide aux personnes lesbiennes, gay, bi et trans dans le contexte de crise actuelle. 61 associations et collectifs ont répondu à Marlène Schiappa
SOCIÉTÉ — "Beaucoup de jeunes vivent actuellement un enfer" avait affirmé la secrétaire d'État chargée de la lutte contre les discriminations dans une interview accordée à "Libération". Celle-ci faisait alors référence aux enfants "confinés avec des parents homophobes qui ne savent pas que leur enfant est gay, bi ou lesbienne" et à ceux qui "ont déjà fait leur coming out et vivent alors parfois de véritables persécutions au sein de leur foyer".
Face à cette situation, le gouvernement a lancé un "plan d'urgence". Une des mesures phares, le déblocage de "300.000 euros afin de financer 6.000 nuitées d’hôtel pendant le confinement", mais aussi la possibilité, en cas de danger, de donner l'alerte en pharmacie ou par SMS au 114.
"Pour permettre aux jeunes confrontés à de la violence homophobe d'être protégés."
Mais pour les collectifs et associations LGBT+, ces annonces ne sont pas suffisantes. Une soixantaine d'entre eux a donc rédigé une lettre à la ministre, co-signée entre autres par le Centre LGBT Côte d'Azur et par AGLAE, l'association niçoise organisatrice de la Pink Parade.
Aggravation de la situation des personnes #LGBT + à l'aube du #déconfinement : le @clgbtcotedazur et 60 associations de toute la #France interpellent @MarleneSchiappa
🌈Retrouvez ici notre communiqué commun et le courrier▶️https://t.co/CFhIrbiD0a pic.twitter.com/omBpfY4OPu
— Erwann LE HÔ (@erwannleho) April 30, 2020
L'inter-associations rappelle dans un premier temps les difficultés que chacune d'entre elles rencontrent. Que ce soit face à l'annulation des parades, reportées normalement en juillet, ou face à la difficulté de rester en contact avec les jeunes (et plus âgés) dont ils s'occupaient.
Cette période "met également en lumière des inégalités sociales exacerbées" lit-on dans la lettre adressée à la secrétaire d'État.
Des interrogations et des demandes
Les assos déplorent la "valse-hésitation" du gouvernement quant à l'ouverture d'hébergements de secours. "Nous nous interrogeons sur les conditions de mise en œuvre et les limites de ce dispositif" écrivent-elles.
Si le déconfinement est au cœur des discussions actuelles, il en va évidemment de même dans la communauté LGBT+. "Quelle sortie de dispositif avez-vous envisagée ?" demandent les collectifs à la secrétaire d'État. "Quelle pérennité de prise en charge de ces nouveaux cas avez-vous prévue ?"
La lettre rappelle que "les personnes LGBTI+ n’en sont pas épargnées à tel point que la Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme,Michelle Bachelet, a alerté la communauté internationale sur les vulnérabilités des personnes LGBTI+ face à la crise du Covid-19 et aux mesures de confinement mises en place pour juguler la pandémie."
For LGBTI people, home may not be a safe place to be. Given #StayAtHome restrictions and lockdown measures, we need to make sure they have access to shelter and support during this #COVID19 crisis.#StandUp4HumanRights🙌 @free_equal
— Michelle Bachelet (@mbachelet) April 17, 2020
De l'expérience avec la pandémie du VIH
Précisant qu'au vu de la situation actuelle, toutes les permanences ont dû être fermées et les salariés mis en chômage partiel, l'inter-associations précise que leurs "actions s’inscrivent naturellement dans la continuité de l’histoire communautaire LGBTI+ fondée pour une très large partie sur notre vécu de l’épidémie à VIH-SIDA."
Le collectif alerte également sur des propos homophobes "consistant […] à amalgamer le risque de contamination au Covid-19 au fait d’être homosexuel·le."
Dans le courrier, les signataires se disent aussi en faveur d'un dépistage massif et du port généralisé du masque. Et au contraire, contre le "pistage de nos données cellulaires via les opérateurs."
"Sur la base de notre histoire et de notre pratique communautaire de la réduction des risques dans la lutte
contre le VIH-SIDA, nous tenons aussi à vous faire connaître notre position déterminée en faveur d’un dépistage massif et ciblé de la population qui soit également porté par des non professionnel·le·s de santé."
Les travailleurs du sexe et les demandeurs d'asile
"Une majorité de travailleuses·eurs du sexe […], aujourd'hui, se retrouvent sans ressources du fait du confinement" lit-on également dans le courrier.
Face au #covid19, le gouvernement doit sans délai prendre des mesures pour protéger les travailleuses et travailleurs du sexe !
Notre lettre ouverte à @EPhilippePM @olivierveran et @J_Denormandie
cc @assoAIDES @Sidaction @Arcat_et_leJDS @leplanning https://t.co/v8rrDWzdYY
— Médecins du Monde (@MdM_France) April 30, 2020
Demandant que "des solutions soient engagées sans délai", les associations s'inquiètent des conséquences sur ces personnes.
Enfin, les collectifs alertent sur la situation des demandeurs d'asile. "Nous demandons la fermeture de tous les centres de rétention administrative, foyers de propagation de l'épidémie du fait de la très grande promiscuité."