Aux quatre coins de la France, nos collègues de la presse régionale tirent le même constat : déployer de gros moyens pendant les campagnes électorales est très loin de garantir la victoire dans les urnes.
C'est le Canard enchaîné du mercredi 27 septembre qui relève cette ligne comptable : d'après les chiffres validés par la Commission nationale des comptes et des financements politiques (CNCCFP), ce sont deux Niçois qui ont mené, en 2022, les campagnes législatives les plus onéreuses de tout le pays. Nice-Presse est allé jeter un oeil à leurs dépenses.
Gros budgets au Port
Pour tenter de conquérir la première circonscription des Alpes-Maritimes, c'est-à-dire le (très stratégique) centre-ancien de Nice, Graig Monetti a déboursé l'année dernière 71 500 euros. Pour des scores plutôt satisfaisants : face au "roi du Port", le député des Républicains Eric Ciotti — élu sans discontinuer depuis 2007 — le candidat de la majorité présidentielle obtenait au premier tour 25,9 % des voix, 43,6 % au second.
Mais qu'est-ce qui a pu coûter si cher ? Réponse : la stratégie de communication, surtout. Les honoraires et conseils payés en la matière, nous indique la CNCCFP, ont coûté 18 700 euros pour cette campagne éclair d'un gros mois. Soit 26 % des dépenses totales. Aucun sondage n'a été commandé sur ces fonds, et les meetings ont coûté 7 900 euros. Les frais des courriers envoyés aux électeurs s'élèvent à plus de 15 000 euros.
Au chapitre du financement, Graig Monetti a enregistré plus de 34 000 euros de dons et réuni 35 000 euros d'apport personnel.

Campagne plus économe pour le sortant, Éric Ciotti, qui a mobilisé 46 000 euros (quasi intégralement des dons). Zéro euro pour des sondages ou meetings. Les électeurs ont manifestement été très sollicités par courrier (5 400 euros) et par téléphone (4 100 euros). Les tracts ont représenté 14 500 euros de dépenses.
Du simple au double dans la 5e circo
La deuxième campagne la plus chère de France métropolitaine s'est également observée à Nice, du côté de la cinquième circonscription. La sortante Marine Brenier (majorité présidentielle) jouait sa réélection sur les terres de son mentor, Christian Estrosi.
Montant de la douloureuse : 71 300 euros. Pas payée de retour, puisqu'elle s'est finalement inclinée, avec 42,4 % des voix, face à la LR Christelle d'Intorni.
Les conseils en communication ont été moins VIP que ceux reçus par Graig Monetti, puisqu'ils représentent 62 euros dans le total des factures. Les tracts 10 000 euros, les meetings 4 600 euros, les courriers postaux 32 000 euros. Les dons ont financé cette course à hauteur de 68 000 euros, sans apport personnel.

De son côté, Christelle d'Intorni a compté sur moitié-moins, avec 37 000 euros. Les tracts pour 9 300 euros, les courriers pour 16 300 euros. Le tout essentiellement sur un apport personnel (22 000 euros).
Et chez les autres candidats ?
À la lecture des relevés de la CNCCFP, voici ce qu'ont dépensé les autres candidats majeurs dans le pays niçois : l'ancien maire de Nice Philippe Pradal (3e, Horizons, victoire): 47 900 euros, le conseiller régional Philippe Vardon (3e, soutenu par Reconquête, défaite): 51 000 euros, l'ancien premier adjoint niçois Benoît Kandel (3e, RN, défaite): 12 000 euros.
L'un des plus petits budgets ? Celui de la RN Muriel Vitteti dans la première circo, qui n'a pour ainsi dire pas fait campagne, avec 5 500 euros. Dont 3 000 de tracts et 1 300 euros pour le comptable.
Les dépenses des stars
Nous nous sommes aussi intéressés aux campagnes des figures politiques nationales, en dehors de la Côte d'Azur. Ainsi :
- Gabriel Attal a déboursé 58 500 euros dans les Hauts-de-Seine (Majo., victoire)
- Eric Zemmour, 51 000 dans le Var (Reconquête, défaite)
- Christophe Castaner, 56 000 euros dans les Alpes-de-Haute-Provence (Majo., défaite)
- Elisabeth Borne, 30 800 euros dans le Calvados (Majo., victoire)
- Marine Le Pen, 55 600 euros dans le Pas-de-Calais (RN, victoire)
- Toutes les données sont consultables par ici
Ces candidats sont en partie remboursés par l'État dès qu'ils dépassent les 5 % des voix.