Pour la venue de Gérald Darmanin chez nous, une librairie engagée avait prévu de lui faire passer un message à travers des collages sur sa vitrine. Action empêchée par des policiers… Une censure qui scandalise encore, plus de dix jours après.
Tout commence le 9 décembre dernier. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en visite à Nice pour "lancer" les travaux du futur hôtel des polices Saint-Roch.
Situées en face du chantier, Anouck Aubert et Maud Pouyé sont propriétaires de la librairie féministe Les Parleuses.
Une opération avec le Collectif de collages féministes
Les deux femmes souhaitaient profiter de la venue du "premier flic de France" pour faire passer un message. Elles s’entendent avec le Collectif de collages féministes niçois, et ce dernier lance une opération militante, avec des phrases placardées sur les vitrines du magasin.
En plus des mots suivants : "Qui sème l'impunité récolte la colère", "violeurs on vous voit, victimes on vous croit", "Sophie, on te croit" (ceci en référence à Sophie Patterson-Spatz, qui accuse Gérald Darmanin de viol depuis 2017), le livre de la journaliste Hélène Devynck, qui avait porté plainte contre Patrick Poivre d'Arvor, était également exposé.
L’écrivaine s’était rendue à la librairie pour une séance de dédicaces quelques jours auparavant.
Librairie fermée, un drap noir devant la vitrine
Mais cette action a suscité la réaction des forces de l’ordre. Des policiers et des CRS ont drapé d’un large voile noir la vitrine des Parleuses. Une armature en bois est aussi mise en place pour cacher ce qui dépasse.
Des agents sont ensuite chargés de surveiller la boutique le temps de la visite du ministre.
Pour protester contre ce qu’elles considèrent comme de la censure et un détournement de pouvoir, les libraires et l’autrice du livre "Impunité" ont décidé de saisir le tribunal administratif.
Les éditions du Seuil au soutien
Ces derniers jours, les soutiens ont afflué en faveur d’Anouck Aubert, Maud Pouyé et de leur affaire.
Les collègues de plusieurs villes, Paris, Nantes, Lille ou encore Toulouse, diffusent le message que les forces de l’ordre voulaient dissimuler : "Qui sème l’impunité récolte la colère".
C'est un acte qui ne peut rester impuni". Ce lundi 19 décembre, les prestigieuses éditions du Seuil ont également affiché leur parti pris dans Le Monde à travers un texte publié sur une pleine page. La maison avait édité le livre d’Hélène Devynck en septembre 2022.
Mediapart, notamment, a relayé cette communication.
