Le pure-player est en passe d'atteindre la barre des 4.000 abonnés, une étape importante qui salue son nouveau modèle économique, adopté il y a tout juste cinq ans
MÉDIAS — Pas de pub en Une du site. Mais beaucoup d'enquêtes. En deux phrases, la stratégie de Marsactu : les sujets de fond sur Marseille et son territoire, avec la liberté de ton et l'indépendance comme porte-étendard.
Une stratégie ambitieuse, qui a conquis les lecteurs : 4.000 se sont abonnés à ce journal en ligne, le seuil nécessaire pour atteindre l'équilibre financier.
Pour la troisième année, j'ai interrogé les éditeurs sur les résultats de leurs efforts pour augmenter le nombre de leurs abonnés purs numériques. @lequipe @lemondefr @Mediapart et @Le_Figaro en ont désormais 150 000 ou plus et se détachent. https://t.co/C8GjTm7epr via @_mind pic.twitter.com/NQtoFPp3Er
— Aymeric Marolleau (@AymericMlo) February 24, 2020
Marsactu, dont l'emblème est un goéland, n'a pas toujours eu les pattes aussi solides.
Lancé en 2010, financé par la pub et les partenariats de sa webtélé, il se heurte vite à la frilosité —et aux pressions financières— des potentats locaux.
Le président PS du conseil général (1998-2015) Jean-Noël Guérini, qui exécrait très ouvertement les papiers qui lui étaient accordés, n'a pas, par exemple, développé des trésors de motivation pour aider financièrement le titre.
Difficile aussi pour un média d'investigation, qui a besoin de temps pour travailler (beaucoup, parfois) de fournir assez de contenus pour suffire aux annonceurs.
Liquidation judiciaire en 2015, donc, puis invention d'un nouveau modèle.
Six de ses journalistes reprennent Marsactu au début de l'année. Mediapart, inspiration de cette nouvelle ligne, participe à la levée de fonds. Les lecteurs mettent 100.000 euros au pot.

Depuis, la rédac' a les mains encore plus libre pour ses enquêtes sur la région marseillaise.
Des révélations sur un "marchandage de diplômes" entrainent la démission du patron de Sciences Po Aix. C'est aussi chez Marsactu que l'on pouvait découvrir en 2016 l'effroyable étendue de l'habitat indigne dans la cité phocéenne. Deux ans avant les effondrements meurtriers de la rue d'Aubagne. Le clientélisme municipal et les magouilles politiques des élus du coin sont également régulièrement passés à la moulinette.
Cet équilibre financier, bien mérité après tant d'années d'acharnement, arrive à un moment clé pour la ville. Avec la fin de l'ère Gaudin et l'incertitude de l'élection municipale en cours, les Marseillais auront plus que jamais d'un canard pour veiller… enfin, de leur goéland, plutôt.