SOCIÉTÉ — Beaucoup de bruit pour pas grand’chose.
Pour l’actrice Adèle Haenel, qui a accusé cet automne le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements quand elle était adolescente, notre pays n’a toujours pas tiré les enseignements du phénomène #MeToo.
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Dans le New York Times, elle explique ainsi qu’ “il y a un paradoxe ici : c’est l’un des pays où le mouvement a été le plus suivi, du point de vue des réseaux sociaux, mais d’un point de vue politique et médiatique, la France a complètement raté le coche.”
“On a un système judiciaire qui ne fait pas des violences faites aux femmes sa priorité (…) la justice doit s’amender pour mieux traiter les femmes victimes de violence sexuelle”, a-t-elle ajouté
“La loi française définit le viol comme un acte sexuel commis au moyen de violence, de surprise, ou de contrainte : elle est centrée sur la technique employée par l’agresseur, pas l’absence de consentement de la victime”, estime l’actrice.
“Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes”
Pour Adèle Haenel, “beaucoup d’artistes ont confondu, ou voulu confondre, le jeu sexuel et l’agression. Le débat s’est positionné sur la question de la liberté d’importuner et sur le prétendu puritanisme des féministes. Alors qu’une agression sexuelle est une agression, pas une pratique libertine.”
Quelques jours avant la cérémonie des César qui se déroulera vendredi avec “J’Accuse”, le dernier film de Roman Polanski, parmi les favoris, Adèle Haenel met en garde : “distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, ‘ce n’est pas si grave de violer des femmes’ ”.
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