Des trains restant au dépôt et des vols perturbés ? Une fin d'année potentiellement compliquée se profile pour les usagers des transports français avec le dépôt de préavis de grève par un grand nombre de syndicats.
Sommaire
Des appels unitaires
A la SNCF comme dans le secteur aérien, ce sont des intersyndicales qui ont sonné la mobilisation.
Les personnels du transport aérien sont ainsi appelés à cesser le travail et à manifester jeudi devant l'Assemblée nationale, pour protester contre le projet gouvernemental d'alourdir la taxation de leur secteur.
Cinq organisations, dont le puissant Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) et le SNPNC-FO, premier syndicat des personnels de cabine (hôtesses et stewards) ont lancé ce mot d'ordre.
Même unité à la SNCF, où la CGT-Cheminots, l'Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots appellent non seulement à la grève du mercredi 20 novembre 19h00 au vendredi 22 novembre 08h00, mais aussi à une grève reconductible à partir du mercredi 11 décembre.
Les raisons des colères
Côté SNCF, c'est l'annonce d'un démantèlement de la branche de fret du transporteur ferroviaire national qui a fait exploser le mécontentement des cheminots.
Fret SNCF va disparaître le 1er janvier prochain pour renaître sous la forme de deux sociétés distinctes : Hexafret pour le transport de marchandise, et Technis pour la maintenance des locomotives.
L'Etat français réagit ainsi à une exigence de la Commission européenne, gardienne d'une concurrence équitable, pour éviter une procédure de redressement qui aurait pu conduire à la liquidation pure et simple de la société, qui emploie 5.000 salariés.
Les organisations syndicales réclament un moratoire à ce démantèlement, mais ont aussi fait remonter des exigences liées à l'ouverture à la concurrence des lignes régionales, énième conséquence de l'impopulaire réforme ferroviaire de 2018 qui avait notamment entériné la disparition du statut de cheminot.
Dans l'aérien, l'unité est totale puisque l'ensemble de ses acteurs, des syndicats de salariés à la principale organisation patronale, la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam), et jusqu'à l'IATA, qui réunit la grande majorité des compagnies aériennes dans le monde, ont dénoncé les visées du gouvernement français.
Celui-ci, en quête de fonds pour limiter le déficit budgétaire, veut alourdir d'un milliard d'euros par an la fiscalité du transport aérien au départ de France, via le triplement de la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA) et une contribution plus élevée des passagers de l'aviation d'affaires.
Conséquence redoutée par le secteur, une nouvelle perte de compétitivité des avions basés en France et une croissance réduite.
Air France-KLM a estimé qu'il allait ainsi voir son bénéfice d'exploitation amputé de jusqu'à 170 millions d'euros en 2025 - ce qui représente 10% du bénéfice réalisé en 2023 -, autant de fonds qui ne pourront pas être investis dans de nouveaux appareils ou dans les efforts de décarbonation du groupe aérien.
Quelles conséquences pour les voyageurs ?
Les syndicats de la SNCF ont démontré leur capacité de mobilisation lors de précédents mouvements. En février dernier, les contrôleurs avaient déclenché une grève pendant un week-end de congés, laissant 150.000 personnes sur le carreau.
Pour Noël en 2022, des centaines de TGV avaient été supprimés, là aussi en raison d'une grève.
Et entre fin 2019 et début 2020, le transporteur avait connu la grève la plus longue depuis sa création en 1938, contre le système de retraite universel par points.
Côté aérien, les compagnies se sont voulues rassurantes pour jeudi, sans encore bénéficier d'une visibilité totale sur le nombre de grévistes.
"On devrait être capables de transporter tous les clients" ayant prévu de voyager, a déclaré mardi matin le directeur général adjoint et secrétaire général d'Air France-KLM, Alexandre Boissy, évoquant un impact "limité". Corsair, Air Caraïbes et French Bee, mais aussi easyJet et Air Austral, ne prévoient aucune annulation de vol.
Le SNPL, qui appelle rarement à la grève pour l'ensemble du secteur au-delà de problématiques précises dans des compagnies, est hégémonique au sein du collège des pilotes d'Air France-Transavia, avec 77% des voix aux dernières élections professionnelles, en 2023.