MUNICIPALES 2020 — Il y avait quelques inquiétudes sur la salle. Allait-ils pouvoir la remplir à une semaine du premier tour, histoire de montrer une dynamique ? Avec la psychose autour du Coronavirus —le chauffeur de salle qui distribuait des bises est bien passé derrière le micro pour dire qu'il ne fallait surtout pas en faire— des sondages moroses… Ouf, les 400 places sont quasiment toutes remplies.
Sur scène, la tête de liste, Patrick Allemand, avec le sourire des bons jours, est encore ravi de son débat de la veille, chez Nice à Vélo. "J'ai dû gentiment recadrer un des porte-paroles de Viva!" commence-t-il. "Il venait, en deux phrases, de dépenser, sans en avoir conscience, plus de 80 millions d'euros."
La liste du "crédible"
C'est d'ailleurs l'élément de langage que les journalistes du coin ont bien fini par assimiler ces derniers jours : Nice au Coeur, la gauche de gouvernement, forte de son expérience dans l'opposition municipale, propose du crédible, du chiffré. À côté, chez "Viva!", on mettrait sur la table des choses bien jolies, de slogans qui claquent… et rien de très faisable.
Mais Patrick Allemand ne compte pas sonner la charge. "Notre vrai adversaire, c'est celui qui brigue un troisième mandat" lance-t-il.
"Les Niçois sont révoltés, lassés…"
Les socialistes veulent "changer la ville, changer la vie", sans "minorer ce qui a été fait". Mais il est temps de "fixer un cap", pour arrêter des "gaspillages d'argent public". Dans la ligne de mire du candidat : la destruction, promise par le maire, du palais Acropolis, où se déroule ce meeting, et du Théâtre National (TNN) qui fête ce jour ces cinquante ans. "Les Niçois sont révoltés, lassés…" accuse M. Allemand.
"Plus encore que le sur-tourisme, le danger qui nous guette est celui de la mono-industrie touristique" poursuit-il, regrettant que l'économie niçoise soit "trop vulnérable à des crises économiques, diplomatiques ou même sanitaires."
Écologie
Avant lui au pupitre, notamment, l'avocate Françoise Assus-Juttner, deuxième de liste, avait développé l’axe "Nice durable" du programme : "Le jetable, c’est eux, le durable, c’est nous", avait-elle lancé, l'air de rien.
L'écologie, pas une thématique de gauche ? Patrick Allemand ne semble pas avoir entendu cette dénégation de Jean-Marc Governatori, "patron" (c'est le cas de le dire) de la liste concurrente Nice Écologique.
L'ancien vice-président PS de la Région égrène ses propositions, travaillées depuis plusieurs mois : les 200 millions d'euros pour son "chantier du siècle : la rénovation des écoles", celle du parc social, des bâtiments publics, la sanctuarisation des terres agricoles au dessus de Saint-Isidore,…
Au menu également la poursuite des combats menés pendant la mandature qui s'achève : celui pour "l'égalité territoriale", avec l'extension de la ligne du tram vers les territoires en difficulté de l'Ariane et de la Trinité.
La défense du "lien social dès l'école" avec l'accès pour tous à la cantine scolaire. La lutte contre la précarité étudiante avec la promesse de 1.000 nouveaux logements sociaux pour les jeunes sur le mandat, ainsi que la gratuité des transports en commun pour les moins de 25 ans.
DÉCRYPTAGE. Transports gratuits pour tous, on fait comment ?
Contre la haine, l'augmentation des subventions accordées aux associations LGBT+, et des centres pour les femmes victimes de violences aménagées sous forme de permanences dans les centre Anima'Nice, notamment.
Toujours les valeurs de la gauche avec cet "objectif zéro SDF" porté par le candidat et l'augmentation du nombre de place d'hébergements d'urgence, qui manquent cruellement à Nice. Sur la sécurité aussi, moins de caméras, et plus de policiers dans les rues, plus de moyens pour les associations de quartier.
Municipales à Nice : Patrick Allemand (PS) en ordre de bataille contre la pauvreté
"Chacun doit se sentir respecté de manière égale car le sentiment de se sentir méprisé est insoutenable" conclut Patrick Allemand.
"Que nous soyons Niçoises et Niçois de père en fils et de mère en fille, fiers de nos racines niçoises, que nous soyons originaires de Tunisie, d’Algérie, du Maroc, du Sénégal, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, des Comores ou de partout dans le monde (…) chacun d'entre nous détient une partie de notre histoire commune."
Nice au Coeur n'a donc pas voulu bousculer les choses avec des propositions révolutionnaires. Mais proposer une "vision réaliste" : "Tout cela nous le ferons ensemble, elle est là l'énergie de Nice." Plus que sept jours pour concrétiser ce rassemblement dans les urnes.