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Arrivé très largement en tête du premier tour en mars dernier et renforcé par sa gestion de la crise sanitaire à Nice, Christian Estrosi est assuré de rempiler pour un nouveau mandat à la mairie. Mais le second tour est-il réellement sans enjeux ? On fait le point.
MUNICIPALES 2020 — Avec 47,63 % des voix, Christian Estrosi a frôlé la réélection dès le premier tour. Si ses chances de succès au second ne faisaient que peu de doutes, la crise sanitaire a encore renforcé le maire de Nice.
Omniprésent, hyperactif sur le terrain et dans les médias, celui qui était déjà ultra-populaire dans sa ville (80% d'approbation selon un sondage cet hiver !) a vu sa stature nationale confortée.

Le mois dernier, le baromètre du Figaro le classait troisième homme politique en qui les Français accordent le plus leur confiance, premier dans l'opposition.
À compter qu'il appartienne réellement à celle-ci, tant son profil est resté Macron-compatible depuis 2017. On parle même de lui pour Beauvau, voire, à mots-couverts, pour Matignon, pensez-donc.
Une réélection confortable dans une période où l'exécutif est en recherche de profils fédérateurs pour imaginer "l'après" pourrait accélérer les choses.

Le danger d'Estrosi vient de sa droite. Le candidat du RN n'était pas loin des 20% le 15 mars dernier. "Je souhaite bien du courage au maire avec Philippe Vardon dans son opposition" avait lancé Marine Le Pen pendant la campagne. Malgré les premières années sulfureuses de sa carrière politique, M. Vardon a su s'imposer au niveau régional (il est conseiller depuis 2015) et national comme l'une des figures montantes du Rassemblement national.
Ses talents de communicant ont fait de lui un personnage très médiatique dans la capitale azuréenne : un rôle d'élu-Twitter qui pourrait secouer le conseil municipal.
"Comprenez bien que chaque voix compte : c'est le choix de l'opposition pour les six années à venir qui est en jeu" rappelait M. Vardon dans nos colonnes le 3 juin. Plus le RN obtiendra de sièges dans cette élection proportionnelle, plus le nouveau mandat de Christian Estrosi pourrait être… agité. L'élu lepéniste cherche également un bon lead pour aborder les départementales et les régionales de l'année prochaine.
Petite ombre au tableau, le candidat de la droite conservatrice Benoit Kandel (7,30%) n'a pas donné de consigne de vote pour le second tour.

Jean-Marc Governatori complète le trio du sprint final. Après avoir recueilli un décevant 11.30% au premier tour, le candidat écolo ne parvient pas à se défaire de ses sorties de route à répétition.
Quelques jours avant le premier tour, il s'était pris les pieds dans le tapis d'une histoire de logement insalubre, révélée par nos confères de "Nice-Matin". Ses relations catastrophiques avec la presse locale n'ont rien arrangé.
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Alors qu'il s'était fait remplacer pour le premier débat télé des candidats, celui qu'il a assuré sur France 3 avait donné lieu à une prestation brouillonne qui avait gêné au sein même de sa formation "Nice Écologique".
Mardi 2 juin, le jour du déconfinement, M. Governatori enfonce le clou dans une interview à "Nice-Presse" en affirmant qu'on en a "trop fait" avec l'épidémie de coronavirus, moins préoccupante que les morts liées au tabac…
Pour finir, une ubuesque tentative d'alliance avec les socialistes et la gauche radicale a échoué. Le PS a depuis appelé à voter blanc.
Le regain d'intérêt pour les questions de sécurité sanitaire et d'environnement pourrait toutefois lui profiter.
L'accession (sans alliance avec le PS) d'une formation écologiste au conseil municipal reste un évènement à Nice. Même si on voit mal le groupe de Jean-Marc Governatori incarner une opposition solide face à Christian Estrosi.