Voici quelques temps que la puissante fédération des commerçants niçois et de l'artisanat a changé de président. Rencontre avec Jean-Marie Debaisieux, élu par ses pairs l'hiver dernier.
Fin novembre, Jean-Pierre Lellouche laissait la place. Jean-Marie Debaisieux, son vice-président, a pris sa succession quelques semaines plus tard. Un fils de commerçant, lui-même entrepreneur - il gère Urban Confort, boulevard Gambetta -, pour diriger la FCNA.
Mi-mars, il recevait "Nice-Presse" histoire de faire un point sur l'état de l'activité dans les différents quartiers, mais aussi sur l'ambiance au sein de la "Fédé".
Comment vont les commerces ?
Comme les consommateurs : ils ont du mal, ils subissent l'inflation. Le contexte est dur, puisque les gens n'ont pas la tête à consommer à cause des crises successives : Covid, électricité, guerre, inflation, retraites… La hausse des charges et des matières premières, qui nuit à nos marges, nous impacte aussi beaucoup.
À Nice, en dehors de ce contexte, quels sont les points chauds ? Le stationnement, comme on l'entend beaucoup ?
Notre enjeu est de dynamiser l'activité, tournée vers des consommateurs niçois et maralpins. Avec une question : comment les accueillir au mieux ici ? La fédération, composée de 22 associations sont 16 actives, fait en ce premier quadrimestre un bilan complet de ce qui peut-être amélioré dans les quartiers. En sachant que certaines zones de la ville étaient jusqu'à présent peu représentées dans ces discussions.
Le point dans les quartiers
Le commerce au Port mérite un coup de boost, non ?
Peut-être que certains clients sont partis vers d'autres coins de la Ville, au profit des touristes qui ont besoin de nouvelles enseignes.
À Nice-Ouest, dans le Sud de la Plaine du Var, il n'y a pas tant que ça de commerces de proximité, d'intermédiaires…
Encore faut-il trouver des candidats pour en ouvrir, des commerces de proximité. Avoir des entrepreneurs, de petites société, c'est compliqué. Le Covid, puis l'inflation, évidemment que ça fait peur. Le salariat, ça sécurise certains.
L'équilibre centre ancien/Ouest inquiète certains Niçois. C'est votre cas ?
Notre logique en tant que commerçants est celle du chiffre d'affaires. Il y a quinze ou vingt ans, il fallait avoir "pignon sur rue". Avec le e-commerce et le marketing numérique, on peut tout à fait s'installer en périphérie et fonctionner. Le consommateur va plus simplement de droite à gauche. Tout cela évolue…
Et la concurrence des grosses enseignes de l'Ouest, et des centres commerciaux ?
Face à des chaînes, les clients sont aussi attachés à l'authenticité des commerces, au savoir-faire, et au conseil.
On dit que la ville "monte en gamme", avec des restaurants, des hôtels et d'autres activités plus "chics" qu'auparavant. Vous le ressentez ?
Oui. On a effectivement des touristes de plus en plus haut de gamme, avec du commerce de destination (distinct du commerce de besoin, celui des Niçois, hors saison, NDLR). Mais la restauration et les hôtelliers sont plus concernés que bien d'autres secteurs, comme l'ameublement par exemple.
La situation de la FCNA
Philippe Desjardins a présidé pendant 13 ans la Fédération. Jean-Pierre Lellouche, moins d'un an et demi. Il y a eu des tensions chez vous ?
Des tensions pas forcément. Jean-Pierre Lellouche avait choisi de cumuler la présidence de la fédération avec celle de son association "Avenir Vieux-Nice", entre autres casquettes, ça le rendait très occupé. Sans doute trop.
Le bureau et les administrateurs lui on reproché d'être un peu partout, pas assez disponible. Démissionner était une sage décision. On impulse une nouvelle dynamique de travail, et ça se passe très bien.
Certains pointaient une "trop grande proximité" avec la Ville. Et vous ?
Je n'ai pas d'épouse au conseil municipal. Il y a pu avoir des complexités. Mais nous, on ne fait pas de politique. On travaille bien avec la Ville, depuis des années. Comme avec les autres institutions : la Chambre de commerce et le conseil départemental.