-- MAJ 23 mai : Mort du jeune Maïcol à Nice : l’IGPN met en cause les policiers
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Deux mois se sont écoulés depuis la mort d'un jeune Niçois le 10 janvier pendant une course-poursuite avec la BAC. Alors que l'IGPN a été saisie, les circonstances du drame sont encore floues. La famille exige "des réponses"
"Justice pour Maïcol": ils étaient plus d'une centaine à lui rendre hommage avec ce slogan mercredi 3 mars dans les rues de Nice. C’est ensemble, munis de leur banderole et des tee-shirts à l’effigie du jeune homme, que le cortège s’est élancé sur l’avenue Jean-Médecin en direction du Palais de justice.
Notre dossier : l'affaire Maïcol à Nice
Leur but ? Obtenir "la vérité", celle qu’on leur cache, estiment-ils. Les images des caméras de vidéosurveillance sont sur toutes les lèvres : "s’ils n’ont rien à se reprocher, pourquoi ne pas les montrer?" ont ainsi clamé haut et fort les amis de Maïcol Goncalves-Furtado. Les larmes coulent, l’émotion est sur tous les visages.
Familles, proches, amis… ils sont plus d’une centaine à manifester en ce moment à Nice pour demander justice pour Maïcol, mort après une course-poursuite avec la police fin janvier. La famille demande des réponses. @AzurTV_ @NicolasGalup pic.twitter.com/3fV93SohbC
— Claudia Olivier (@Clau_Olvr) March 3, 2021
Ce que l’on sait
C’est dans le tunnel Liautaud que l’accident s’est produit aux alentours de vingt-deux heures le dimanche 10 janvier dernier. Le jeune conducteur de la moto tentait d’éviter un contrôle de police, avec un passager, pendant le couvre-feu.
Son véhicule aurait percuté un trottoir. La chaussée était également glissante ce soir-là.
Maïcol, 20 ans, succombe rapidement à ses blessures. La course-poursuite entre le jeune homme et la police aurait débuté une vingtaine de minutes auparavant. Le second passager, âgé de 19 ans et légèrement blessé, a affirmé lors de son audition que le véhicule des forces de l'ordre aurait tenté de leur barrer la route.
#justicepourmaicol 😔🕊 pic.twitter.com/s5i1V1Dq7U
— absa thoure (@deep_negress) February 25, 2021
Le procureur de Nice Xavier Bonhomme, qui souligne que les circonstances dans lesquelles l’accident s’est produit restent à déterminer, a rapidement confirmé avoir saisi l’inspection générale de la Police nationale (IGPN), « la police des polices ».
Signe de la grande tension ambiante, un syndicat étudiant a dérapé sur les réseaux en accusant la BAC de "meurtre". "Cette violence structurelle et le racisme de cette brigade ne sont plus à démontrer" écrit encore Solidaires Étudiant-e-s Nice. Des propos « mensongers et diffamatoires » a réagi Alliance Police Nationale 06.
Des "rapports compliquées" entre le jeune homme et des policiers "justifieraient" son refus d'obtempérer ce soir-là, ont rapporté des proches du défunt à l'occasion de la manifestation d'hier. Il avait été relaxé il y a peu après des accusations d'outrage et d'agression formulées par un policier, précise son avocat.
Les mêmes pointent le "choix" des agents de lancer une course-poursuite contre un deux-roues, par essence dangereuse. Rappelons qu'elle s'est engagée après un refus d'obtempérer à un contrôle d'identité vers le quartier chaud des Moulins, à vive allure, à une heure qui dépassait largement le couvre-feu.
Certains manifestants ont établi un lien avec l'affaire Adama Traoré (tout comme le collectif éponyme).
À Nice cet après-midi les habitants des quartiers réclament justice pour Maïcol et Adama ! ✊🏽 pic.twitter.com/F3iHKo2HIt
— Feïza Ben Mohamed (@FeizaBM) March 3, 2021
Ce que l’on ignore encore
Famille, proches, amis du quartier veulent comprendre les circonstances de sa mort. Dans la manifestation d'hier, sur les réseaux sociaux, des termes reviennent souvent : celui des "violences et bavures policières" (notamment repris par l'antenne locale de la France insoumise). Des premiers éléments connus sur le drame, rien n'indique, pour l'heure, une méconduite des policiers. L'enquête de l'IGPN devra là encore le confirmer.
Des proches du défunt ont pointé un délai, prétendument très long, entre l'accident et le moment où les secours ont été appelés : aucun élément factuel ne recoupe cette théorie. Les pompiers seraient arrivés quinze minutes après l'accident. Dans l'intervalle, les policiers ont tenté de le réanimer, rapporte France Info.
De même, les images des caméras de vidéo-protection ont été réclamées, soit "pour la famille uniquement" soit pour une diffusion publique : une idée irréalisable, dans la mesure où l'enquête de l'IGPN est toujours en cours, et que l'institution n'a rendu aucun rapport.
Le quartier des Liserons dans lequel a grandi Maïcol continue de lui rendre hommage à travers les réseaux sociaux, après une marche blanche et la réalisation d'une grande fresque.
"La mort n’arrête pas l’amour", peut-on y lire. "Popo", comme ils aimaient l’appeler, n'est pas près d'y être oublié.
-- Par Sara Neves