Plus d’un tiers du mandat de Christian Estrosi à la tête de Nice est déjà écoulé. Comme l’an passé (relire le palmarès 2021), juste avant la rentrée des classes, et alors qu’un remaniement se prépare, on fait le bilan. Ceux qui « glandent », ceux qui bossent fort…: quels élus se sont démarqués depuis 2020 ? Qui pourrait nous réserver de belles surprises ? Et surtout : qui a franchement déçu ?
Le groupe vit bien, ou en tout cas, il « vivote ». Dans l’ensemble, malgré deux exclusions et quelques chahutages bien vite matés, la classe est restée soudée. Sauf qu’au bout de deux ans, peu de personnalités se détachent vraiment, dans un conseil municipal certes pas très remuant, mais souvent pas assez solide quand viennent les polémiques. Laissant trop seul le chef de classe.
Difficile de s’extraire de la position de simple porte-dossier au côté de Christian Estrosi « l’hyper-maire ». Pour dresser ce petit tableau d’honneur, nous nous sommes intéressés à l’activité visible des élus : apparitions à des évènements publics, présentations d’initiatives, interviews dans les médias… Cela n’englobe évidemment pas totalement leur travail réel, mais ce sont des éléments qui permettent de se faire une idée de leur implication. À noter que les adjoints sont généralement tributaires de la place que la communication municipale veut bien leur donner.
Dans l’ordre :
- Félicitations
- Encouragements
- Avertissements
- "Les Disparus"
- "Zéro Pointé"


Voici des félicitations qui devraient faire l’unanimité. Magali Altounian a réussi à donner corps à une délégation qui n’intéresse pas grand monde, celle des institutions européennes. Elle est même parvenue à rendre festive et populaire, avec des évènements très bien pensés, la présidence française de l’UE, qui n’a pourtant pas cassé trois pattes à un canard au niveau national. À chaque ouverture de startup ou de TPE-PME, elle était là, au nom de son autre délégation, le « rayonnement de la ville ». Sa dernière intervention sur le budget pendant le Conseil municipal estival a convaincu tout le monde… Tant mieux, puisqu’on lui prête la succession de Philippe Pradal à l’occasion du prochain remaniement. Elle aura tout fait, avec brio, pour la mériter. Reste à gagner la notoriété locale qui lui manque beaucoup, et à s’épaissir politiquement. Il le faudra pour durer.

Il aurait presque fallu attendre les législatives de juin pour prendre pleine mesure de son potentiel. Quand il n’est pas à Paris, Graig Monetti peut donc être diablement efficace (et salué) à Nice. Même les plus critiques se mettent à apprécier le bonhomme, et à lui prêter un avenir certain. Avant cela, il avait porté avec beaucoup de détermination le peu médiatique mais très courageux plan « 1 diplôme 1 métier, c'est possible » pour les jeunes en difficulté. Son bébé, la nouvelle salle de spectacle Stockfish à Nice-Est, cartonne. On dit qu’il pourrait bientôt récupérer le dossier des sports, ou même le territoire Vieux-Nice/Port. Parfait pour continuer à faire ses armes avec la même efficacité.

Dans le groupe des meilleurs élèves, bien installés au premier rang, on trouve toujours l’impeccable Anne Ramos, dont la parfaite maîtrise des sujets accompagne les grands travaux, qu’elle défend avec abnégation sur le terrain. Élue de proximité par excellence — malgré un territoire "Coeur de Nice" mal découpé — Isabelle Visentin a su convaincre par son énergie et son sens du dialogue. Avec poigne…

Comme l’an passé, Gaël Nofri nous bluffe par cette capacité à monter au front avec constance sur les dossiers liés à la circulation. Cet été, il a « tenu la baraque » au niveau politique, quand ses camarades étaient en vacances. Constant, appliqué, efficace !

Maty Diouf a abattu de son côté un vrai travail au niveau de la lutte contre les discriminations, obtenant de nouveaux moyens pour mener ses (nombreux) projets. Très convaincante.


Il faut bien reconnaître qu’il endosse l’une des plus grosses responsabilités de l’équipe, en gérant les thématiques santé et écologie. Le très apprécié docteur Richard Chemla travaille énormément sur ses dossiers… Mais il ne les incarne pas. À l’heure où le dérèglement climatique a semé tout un tas de catastrophes cet été en France, c’est aussi à la tête d’un « ministère de la parole » qu’il se retrouve. En a-t-il totalement pris conscience ? En matière de pédagogie et de capacité d’entraînement, notamment pour mobiliser les nombreux Niçois rétifs à toute idée éco-responsable, il y a encore des progrès à faire.
Franck Martin n'a pas pu faire d'étincelles, malgré ses efforts notables, avec le territoire qu'on lui a confié ("Hauts de Nice"), pas tellement en phase avec son profil de chef d'entreprise. Mais auprès des commerçants dans ces deux années chahutées, il a gagné ses galons.
Chargé du spectacle vivant et des nouveaux publics, Patrick Mottard n'a pas encore la visibilité que mérite son intense activité auprès des professionnels du secteur, dans lequel il est presque unanimement apprécié. L'accompagnement de la prochaine Fête des Théâtres, reformée cette année, compensera certainement le manque.


Pierre Barone. Au portefeuille clé des associations niçoises, il a choisi « la discrétion », au point de n’accorder aucune interview pendant deux ans —jusqu’à cet entretien publié dimanche chez nous. On l’avait presque oublié… Si bien qu’il a pu être difficile pour certains Niçois de savoir ce qu’il a bien pu fabriquer pendant tout ce temps. Un choix de communication hasardeux à l’heure où le fossé se creuse tant entre élus et citoyens. Et une assez curieuse façon de représenter « l’engagement citoyen », qui fait également partie de ses délégations.
Son action au Port et dans le Vieux-Nice est contestée par une partie des habitants, comme nous avions pu le constater, notamment, à l’occasion de ce dossier thématique. Sur le terrain, on reproche à Philippe Soussi son manque de proximité. Il ne se sera illustré qu’en torpillant l’unité du clan estrosiste et l'autorité du maire en amont des législatives. Avant de se refaire discret. Une nouvelle année sans grande utilité.

Plus touristes que les touristes… Dans cette classe comme dans les autres, il y a les absentéistes sévères, ceux qui n’encombrent même pas le radiateur au fond de la salle. Que dire, par exemple, de Aurore Asso (subdéléguée à la Mer et à l’Écologie)? Contactée pour faire un bilan, elle n'a pas donné suite. Anne-Laure Rubi (chargée de la Famille) est, aussi, sous les radars.
Évènement ! On a fini par croiser le docteur Abdallah Khemis (subdélégué à l’Euro-Méditerranée), épinglé dans nos colonnes l’an passé. C’était à l’occasion de l’un des derniers conseils municipaux, pendant lequel il a lu à haute voix une délibération qu’il avait l’air de découvrir en même temps que nous. Et puis c’est tout. Cette fois encore, son bilan de compétences tiendra sur un post-it.

L’an passé, nous le trouvions transparent, « ectoplasmique ». Force est de constater que Jean-Marc Giaume, théoriquement adjoint aux sports, n’a toujours pas pris en consistance. On ne le voit pas, on ne l’entend pas… Point positif qui le dispensera peut-être d’une nouvelle mauvaise note dans le futur : à ce rythme là, d’ici à la fin du mandat, on aura fini par oublier qu’il occupe ce poste. La « subdéléguée aux sports », l’ex-Front national Martine Martinon, laisse tout autant passer la lumière…
Avec Jacques Richier, nous en sommes venus à nous poser une question toute bête : quelqu’un l’a-t-il au moins averti qu’il est entré au conseil municipal il y a deux ans ? On lui aurait bien demandé, mais il demeure injoignable depuis 2020. Sur quoi travaille le « délégué à l'Économie, l'Emploi, l'Innovation et l’Attractivité »? Il faudrait lui en parler si vous le croisez près de la mairie. D’ailleurs, si vous avez cette chance, tentez-donc votre coup au Loto…