Le maire de Nice compte bien reconquérir la collectivité dont il fut le président il y a une quinzaine d'années et que son rival Eric Ciotti utilise aujourd'hui à ses dépens.
Il n'entend pas laisser filer son fief. Samedi 3 juin, Christian Estrosi inaugurait à Carras une seconde permanence pour son association "Les Amis du maire". Un emplacement qui ne tient rien au hasard, puisqu'elle ouvre ses portes dans la cinquième circonscription des Alpes-Maritimes, dont il a longtemps été le député.
L'an passé, c'est une proche d'Eric Ciotti, son meilleur ennemi, qui y remportait les élections législatives, face à sa protégée, Marine Brenier. L'édile montre ainsi qu'il compte bien rester très, très présent sur ses terres.
Entouré de ses principaux adjoints, il a délivré un discours offensif devant un parterre de sympathisants, lui qui répugne à parler politique depuis le début de son troisième mandat.
Avec une annonce remarquée : "Mon objectif, ce n’est pas celui que nous allons remporter dans trois ans pour la quatrième fois (les élections municipales) mais le suivant, celui de reconquérir dans quatre ans le conseil départemental".
"On s’y prépare maintenant et je vous invite à mener ce combat à partir d’aujourd’hui".
Christian Estrosi enjambe donc là les prochaines élections - un pré-sondage le donne favori - pour fixer sa ligne de mire sur le CADAM. Une collectivité dont il fut le président, de 2003 à 2008. Il s'était ensuite arrangé pour qu'Eric Ciotti lui succède. C'était avant que la guerre n'éclate entre les deux hommes.
En 2021, dans une sorte de mariage de la carpe et du lapin, les deux camps avaient présenté une liste commune. Sans faire illusion. Les conseillers départementaux proches du Niçois siègent aujourd'hui dans un groupe d'opposition qui dénonce à cor et à cri les politiques menées par l'actuel plus-ou-moins président du Département, Charles-Ange Ginésy. En sous-marin - comme le souligne une récente enquête du journal Le Monde - c'est bien Eric Ciotti qui dirige toujours le CD06. Dont il se sert notamment pour accorder une subvention aux ennemis du maire, et en retirer à la Ville de Nice.
L'enjeu de cette éventuelle conquête par le camp estrosiste est politique, donc, mais aussi financier. Le Département, qui dépense très peu pour les politiques sociales dont il a la charge, peut compter sur de solides ressources. En 2022, rien que les taxes perçues lors des ventes immobilières ont atteint 690 millions d'euros…
"C'est pourtant le sixième conseil départemental le plus endetté de France" tacle le maire. Pas de doute, la campagne est lancée.