Il y a eu la jeune femme médecin tabassée aux Moulins.
Il y eu l'épisode de la descente de police aux Liserons qui a mis au jour le train de vie royal de certains dealers, alors que beaucoup d'habitants de ce quartier vivent dans une profonde misère.
Il y a eu ces agents des forces de l'ordre caillassés.
La thématique de la sécurité s'est donc très naturellement imposée, avec celle de l'environnement, comme l'une des clés de cette municipale niçoise.
Sans surprise, et les enquêtes d'opinion le confirment depuis plusieurs mois, c'est le très offensif candidat du Rassemblement national qui rafle la mise à une poignée de semaines de l'élection, juste derrière le maire sortant.
Embourbée dans des luttes intestines, la gauche niçoise devrait laisser le rôle d'opposition principale à l'extrême-droite pour la prochaine mandature, si la vapeur n'est pas renversée d'ici au mois de mars.
"Avec nous, les dealers ne feront plus la loi dans certains quartiers" — Philippe Vardon
M. Vardon redouble d'efforts ces dernières semaines pour garder le leadership (avec Christian Estrosi) sur le sécuritaire. Il a ainsi proposée des mesures choc, comme la fermeture de plusieurs mosquées niçoises qui seraient, d'après lui, "radicales", et d'expulser des logements sociaux de la ville les dealers — même si cette mesure n'est pour le moment pas tout à fait réaliste, compte tenu du flou artistique de la législation en la matière.
C'est sur la délinquance que le candidat RN veut faire battre en brèche le maire sortant, qui est arrivé au pouvoir il y a plus de dix ans en promettant de "faire la guerre aux trafics".
Le maire sortant peut rivaliser avec l'actuelle dynamique de M.Vardon : lorsqu'il est arrivé aux manettes, la situation était bien plus grave à Nice (les Alpes-Maritimes étaient d'ailleurs l'un des départements les plus violents de France). Depuis, la forte augmentation des effectifs de la police municipale et le développement de la vidéo-protection ont conféré au maire une certaine crédibilité auprès des électeurs sur le sécuritaire.
Jouant la contre-programmation, les autres candidats ont abandonné ce terrain. Patrick Allemand a déjà annoncé chez nous qu'il ne comptait pas augmenter le budget des municipaux, et "Viva!" a des positions très critiques sur les caméras.
En dehors du RN, aucun candidat majeur n'est particulièrement sorti du bois sur ces sujets. Du pain béni pour le candidat d'extrême-droite.
"Avec nous, les dealers ne feront plus la loi dans certains quartiers", promettait-il ce week-end lors de l'inauguration de son quartier général de campagne.
Même s'il n'y a à peu près aucune chance qu'il batte le maire sortant, donné archi-favori de l'élection, il reste dix semaines au RN pour gonfler le plus possible son score et ainsi peser au maximum sur le prochain conseil municipal.
Autre enjeu majeur pour M. Vardon : se tailler une place de choix sur la Côte d'Azur avec un score significatif, alors que les prochaines régionales arrivent bientôt, dès l'année prochaine.
Le RN mise d'ailleurs énormément sur notre région, et devrait dépêcher sur place comme tête de liste son vice-président Jordan Bardella.