Des Niçois manifestaient ce week-end pour dénoncer "le glissement de notre ville vers Marseille".
Samedi de beau temps sur la place Pierre-Gautier, devant le palais Sarde. Des touristes traînent dans le centre-ancien, les touristes occupent les terrasses. Sous les fenêtres du préfet, une grosse centaine de Niçois se rassemblent, à l'appel des zemmouristes de Reconquête. Ce 23 septembre, ils manifestent contre le trafic de drogue.
Mégaphone à la main comme un étudiant, le conseiller municipal niçois Jean Moucheboeuf réclame à l'État de serrer la vis contre les dealers : "Comme aux Etats-Unis, imposons la prison ferme automatique dès le troisième délit. Il faut aussi expulser tous les étrangers condamnés pour trafic, enlever aux autres allocations et HLM".
"Saisissons surtout leurs grosses voitures, ils feront moins les malins après" lance une vieille dame dans l'assistance. "J'aimerais bien savoir comment ils s'achètent ces 4x4 à vingt ans". Une autre lui répond, l'air fataliste : "n'y compte pas ! Tu sais bien que la justice est par terre aujourd'hui".
Le président du groupe des élus Retrouver Nice, Philippe Vardon, prend le relai, "la voix cassée après avoir fait un tour à Lampedusa, et dans les cités de Marseille".

"Bien des habitants n'ont pas pu nous rejoindre cet après-midi, parce qu'on squatte leurs halls, parce qu'ils sont 'contrôlés' devant leur porte. Ce pays ne protège pas ses frontières mais à Nice, aux Moulins, les dealers savent tenir leurs checkpoints".
"Ne pensez pas que le deal ne concerne pas l'Ariane ou les Liserons. La drogue fait des ravages partout, y compris dans le centre-ville" dénonce encore Philippe Vardon.
"Je le dis depuis longtemps, et on commence à peine à m'écouter. Le préfet et le maire, Christian Estrosi, n'ont pas pu régler la situation parce qu'ils ont tout simplement refusé de la voir en face. Aujourd'hui, nous nous rapprochons de Marseille". Un constat que dresse aussi le président des Républicains, Eric Ciotti.
Parmi la petite foule, des personnes âgées, mais aussi des ados et des vingtenaires. Deux d'entre eux : "on se mobilise à cause des derniers faits-divers. Les gens ne comprennent pas que nous sommes tous concernés. La fille qui a reçu une balle perdue à Marseille n'avait rien demandé".
Entre le début de l'année et cet été, 400 trafiquants ont été interpellés rien qu'à Nice, dont la moitié de mineurs, et 60 % de clandestins, exploités par le crime organisé.
L'extrême gauche du côté de Garib
À quelques encâblures de là, place Garibaldi, trois fois plus de Niçois se sont rassemblés autour des associations et de la gauche locale. Une partie pour plus de justice sociale, et contre "le racisme systématique". Une autre, plus agitée, lançant des chants factieux, repérés par Nice-Matin : "tout le monde déteste la police" ou encore "À bas l'État, à bas les flics".