Le groupe "Nice Écologique" soupçonne un mélange des genres entre l'un des sites de communication de la mairie et l'organisation politique de Christian Estrosi. De son côté, le patron des élus de la majorité assure que "les règles sont respectées", et voit dans l'attaque la main du rival Eric Ciotti. Le procureur de la République "va être saisi".
Le sujet traîne depuis presque deux ans. En 2022, la mairie de Nice lançait un site web de communication qu'elle présente comme un "véritable site d’infos en continu", prolongeant la diffusion d'une publication imprimée. L'initiative avait agacé le rival du maire, Eric Ciotti, qui avait saisi l'Arcom (pas compétente en la matière) et le préfet (qui n'a pas donné suite). Les journalistes locaux avaient un peu toussé aussi, avec la publication par le Club de la Presse 06 d'une tribune mollassonne, critiquant à mots couverts la présentation d'une plateforme qui ferait trop songer à un vrai média.
Nouvelle pièce dans la machine le 18 octobre, avec l'intervention au conseil municipal de l'élu d'opposition Jean-Christophe Picard. "Le site ouvert il y a deux ans par la mairie est composé d'articles écrits spécifiquement pour lui. Nous souhaitons poser plusieurs questions" entame l'édile écologiste. "Quel est le bilan de ce magazine en ligne ? Combien coûte-t-il ? (…) Quand allez-vous respecter la règlementation en y accordant une place aux élus de l'opposition ? Nos tribunes n'y ont plus été publiées depuis janvier 2023…"
L'ancien président d'Anticor pointe aussi le fait que les articles, sur ce site de la Ville de Nice, sont souvent "les mêmes que ceux que l'on trouve sur celui de Nice Ensemble, le micro-parti du maire. Photos comprises".
Leonelli : "être transparents avec les Niçois"
C'est la président de la majorité estrosiste Pierre-Paul Léonelli qui a pris le micro pour répondre. L'adjoint au maire chargé des espaces verts (…et président de Nice Ensemble) a expliqué que c'est "une erreur informatique" qui aurait empêché de publier sur le blog les tribunes de l'opposition depuis un an et demi, et que "cela serait vite résolu" — les dernières ont en effet été ajoutées la veille du conseil municipal, jeudi soir.
"Il s'agit d'être transparents avec les Niçois sur les actions de la Ville" a-t-il encore fait valoir pour justifier la création de ce "magazine apolitique". Au sujet des moyens employés, "il n'y a pas de coût supplémentaire, puisque ce sont les équipes déjà mobilisées sur le journal papier de la commune qui sont mobilisées". Et d'ajouter qu'il "ne pense pas que les Niçois puissent le confondre avec un vrai média, ils ne sont pas dupes et savent à qui ils ont affaire". Si les textes sont identiques entre le site web de la mairie et celui d'un parti, "c'est parce qu'un rédacteur non salarié par la Ville nous autorise depuis un bout de temps à reprendre ses publications sans être payé un centime".
Plus largement, Pierre-Paul Léonelli a accusé les bancs écologistes de "représenter les lepénistes" avec "ces théories du complot", sous-entendant qu'Eric Ciotti, allié de Marine Le Pen, serait à la manoeuvre.
Pas convaincu par les éléments apportés, Jean-Christophe Picard a fait savoir son intention de saisir le Parquet.