L'enjeu a mobilisé les électeurs. La participation totale est estimée à 69,5%, selon les estimations de l'institut de sondage Elabe autour de 19 heures. Il y aura donc certainement beaucoup de triangulaires aux quatre coins du pays pour le second tour du 7 juillet, sauf en cas de désistements de part et d'autre. La prochaine Assemblée aura, en tous les cas au vu de cette vitalité démocratique certaine, une très forte légitimé populaire.
Les Français votaient massivement dimanche pour le premier tour d'élections législatives historiques, qui pourraient ouvrir la voie à l'accession au pouvoir du RN dans une semaine.
Le taux de participation atteignait déjà 59,39% en France métropolitaine à 17 heures (69,5% à 19 heures selon Elabe), soit 20 points de plus qu'au premier tour des législatives de 2022 à la même heure, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
C'est aussi le plus fort taux depuis le premier tour de 1978, à l'exception du scrutin de 1986 qui se déroulait à un tour.
Dans les bureaux de vote, beaucoup d'électeurs témoignaient de leur anxiété et de leur fébrilité pour ces élections convoquées après la décision choc du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale le 9 juin, au soir d'élections européennes marquées par la défaite de son camp et le triomphe du RN.
"J'aimerais retrouver de la sérénité car, depuis les élections européennes, tout a pris une ampleur inquiétante", confie Roxane Lebrun, 40 ans, à Bordeaux, dans le sud-ouest.
Dans les quartiers du nord de Marseille, un grand port sur la Méditerranée, qui compte une importante population d'origine immigrée, Nabil Agueni, 40 ans, s'est déplacé alors qu'il ne s'était pas rendu aux urnes aux européennes : "Tant qu'on a le choix, vaut mieux aller voter", glisse-t-il.
Au terme de la journée, la participation en France devrait être comprise entre 67,5% et 69,5% selon les différents instituts de sondage. Elle sera donc largement supérieure aux 47,51% de 2022 et pourrait dépasser les 67,9% des dernières législatives suivant une dissolution en 1997.
Attal s'exprimera autour de 20h
De nombreuses personnalités politiques étaient allées voter dans la matinée.
Emmanuel Macron l'a fait au Touquet, dans le nord-ouest de la France, s'accordant un long bain de foule avec selfies et accolades.
La cheffe de file du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a voté, elle, à Hénin-Beaumont, dans le nord.
Les Français peuvent voter jusqu'à 18H00 ou, dans les grandes villes, jusqu'à 20H00, heure à laquelle se dessineront les premiers résultats de ce scrutin susceptible de bouleverser le paysage politique.
De premiers chiffres en provenance des Antilles françaises sont déjà tombés : un candidat du RN disputera le second tour des législatives en Martinique, une première dans cette île, même si son score inférieur à 10% ne laisse guère de doute sur l'issue du vote.
Le Premier ministre Gabriel Attal fera une déclaration au quartier général du parti présidentiel Renaissance après 20H00, selon son entourage.
Pari risqué
Pari ultra risqué, la dissolution décidée par Emmanuel Macron a provoqué un séisme politique et plongé le pays dans l'incertitude.
Les enseignements du premier tour pourraient toutefois être difficiles à tirer, en raison notamment du grand nombre de triangulaires - trois candidats qualifiés pour le second tour.
Mais aussi d'une autre inconnue : le nombre des désistements dans l'entre-deux tours, la pratique du "front républicain" ayant faibli au fil des années.
C'est chez les "macronistes" que la pression est la plus forte, Emmanuel Macron ayant été élu chef de l'Etat en posant en 2017 puis 2022 en rempart contre le Rassemblement national.
Il a promis jeudi "la plus grande clarté" sur l'attitude à suivre mais semblait jusqu'ici pencher pour un "ni RN, ni LFI" critiqué jusque dans son propre camp.
Lundi en mi-journée, il réunira le Premier ministre et les autres membres du gouvernement pour établir une stratégie.
Ces législatives se déroulent après deux ans de majorité relative à l'Assemblée, où le camp présidentiel a dû chercher des alliés texte par texte ou recourir à un article de la Constitution permettant de faire passer sans vote les budgets et la réforme des retraites.
Le triomphe du RN aux européennes - 31,4% des voix contre 14,6% au camp de M. Macron - a précipité les événements et les choix du président, au point de l'exposer à une possible "cohabitation" avec M. Bardella.
La France a connu dans son histoire récente trois périodes de cohabitation entre un chef de l'Etat et un gouvernement de bords différends, sous les présidences de François Mitterrand (1986-1988 et 1993-1995) puis de Jacques Chirac (1997-2002).
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