Le taux de pauvreté, stable, reste très au dessus de la moyenne nationale
SOCIAL — L'Institut Montaigne a étudié la santé financière et le cadre de vie des onze villes françaises les plus peuplées. Le club de réflexion a rendu son rapport sur Nice il y a quelques jours, voici ce que l'on peut retenir sur le volet social.
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Dépenses de solidarité
Le budget consacré à la solidarité s'élevait à 72,6 euros par Niçois en 2018 (24,9 millions sur environ 600 millions d'euros de budget global).
À titre de comparaison, la municipalité accorde 235 euros par contribuable pour la culture, 208.9 euros pour les sports, ou encore 170 euros pour la sécurité, par exemple.
Le taux de pauvreté est stable depuis 2014 et supérieur de 7 points à la moyenne nationale en
2016 (14% en France, 21% à Nice), mais dans la moyenne des 11 plus grandes villes.

La part des logements sociaux dans l'ensemble des biens disponibles est en 2016 de 12,7 %.
Elle est inférieure de plus de 12 points à la cible fixée par la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) pour 2025 (25%).
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Nice est ainsi la ville présentant le plus faible taux de logements sociaux parmi les 11 villes étudiées par l'institut.
C'est un problème général dans notre département : les Alpes-Maritimes n'en comptent que 11%, comme nous vous le rapportions dans cet article.
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La demande est pourtant très importante : 37.000 foyers sont actuellement en attente d’un logement. 70% des familles azuréennes y sont éligibles.
Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur reconnaît toutefois "des efforts entrepris à Nice", contrairement au cas marseillais. C'est la raison pour laquelle Nice ne paie pas de "taxe-amende" relative à ce manque de logements.
"Irréalisable"
Dans Nice-Matin en 2017, la sénatrice et adjointe au maire Dominique Estrosi-Sassone assurait que la municipalité n'a "pas à rougir de (sa) politique. Mais ce ne sera jamais suffisant, on a pris un tel retard… Pendant des années, on s'est senti privilégiés… Le Département et la Métropole n'ont eu aucune politique foncière."
L'élue, qui s'exprime alors comme présidente du bailleur social Côte d'Azur Habitat, prévient que ce retard ne sera rattrapé que jusqu'à un certain point : "25 % c'est impossible (…), impensable, irréalisable. (…)"
"Nice est une cuvette bordée par les collines, où la construction est plus compliquée et plus chère, et le littoral, où c'est extrêmement réglementé. Le foncier est rare et ce qui est rare est cher. On ne peut pas pousser les murs", objectait-t-elle.
Une forte précarité aussi au niveau régional
156.500 foyers sont allocataires du RSA (revenu de solidarité active) en Région Sud PACA, et un tiers des personnes accueillies par le Secours Catholique en 2018 perçoivent moins de 200 euros par mois.
"Ces chiffres sont en perpétuelle hausse" déplore l’ONG, alors que la pauvreté augmente fortement au niveau national.
D’après les estimations de l’Insee, 14,7% de la population en France (+ 0,6 point sur un an) aurait un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté en 2018.
Le Secours Catholique a accueilli 42.200 ménages l’année dernière. Dans le Var, la majorité de ceux qui viennent ont entre 25 et 49 ans. On retrouve pour un quart des femmes seules avec enfant(s). Mais aussi de plus en plus de familles (18%).
Dans la région, la part des personnes de nationalité étrangère se rendant dans les accueils de l’association a augmenté de 14 points en quatre ans, passant de 39% en 2014 à 53% en 2018, un total plus élevé qu’au niveau national en raison de la position géographique de la région.
Au niveau national, malgré la promesse d’Emmanuel Macron de "loger tout le monde dignement", le nombre de morts dans la rue a augmenté de 15% l’année dernière, d’après un rapport du collectif "Les morts de la rue" .
612 personnes sans domicile fixe (SDF) ont perdu la vie dans nos rues rien qu’en 2018.