À Nice, la lutte contre la corruption a pris une place déterminante dans la campagne ces derniers jours
MUNICIPALES 2020 — C'est l'évènement politique de la journée à Nice. Le désormais ex-président d'Anticor (il a démissionné ce mardi 4 avril) Jean-Christophe Picard rejoint la liste écolo menée par Jean-Marc Governatori, en 5ème position.
Chez "Nice Écologiste", il sera le "monsieur éthique", chargé notamment de défendre la (très longue) charte de soixante propositions : trente de l'ONG de lutte contre la corruption Anticor, auxquelles s'ajoutent des "préconisations adaptées aux particularismes de la ville de Nice."
Connu pour son engagement à gauche, M. Picard dénonce depuis plusieurs années des manquements à l'éthique et à la transparence dans notre région.
Dans une interview publiée dans nos colonnes il y a quelques semaines, il affirmait ainsi qu'à Nice, "on a un problème avec les recrutements familiaux. On a une vingtaine de cas où des conseillers municipaux recrutent des proches, par exemple."
"On a aussi des dépenses suspectes sur certains déplacements. Plus de transparence éviterait ce genre d’abus"
Cet hiver, il a publié un livre (qui a connu un fort succès dans la capitale azuréenne): "La colère et le courage", un vibrant plaidoyer pour une République plus honnête.
La liste "Nice Écologiste" fait donc (enfin) parler, alors que sa campagne était plutôt discrète ces dernières semaines. Pourtant, sur le terrain de "l'opération mains propres", les autres candidats n'ont pas chômé.

Benoît Kandel, le candidat de la droite dure niçoise a fait de "Valeurs et intégrité" son slogan de campagne. Il a également fait siennes les préconisations d'Anticor, parmi lesquelles : moduler le montant des indemnités des conseillers municipaux en fonction de leur participation effective aux séances plénières, interdire aux élus et aux agents publics d’accepter tout cadeau ou avantage d’une entreprise, ou encore créer une commission de surveillance des dépenses liées à la communication, aux voyages, aux réceptions, aux frais de bouche et aux invitations.
La liste socialiste de Patrick Allemand a également repris dans son programme plusieurs de ces idées.
"Le comportement des élus nous fait honte"
Du côté de "Viva!", l'engagement pour plus d'éthique municipale a été plus… musclé.
"Nous aimons Nice mais souvent nous avons honte de notre ville" avait ainsi lancé l'avocate Mireille Damiano, tête de la liste, soutenue, entre autres, par le parti communiste et la France insoumise.
"Partout, lorsque l’on parle de Nice, on parle des affaires, de l’héritage pesant du Médecinisme, du clientélisme, de la corruption, du nom respect des libertés individuelles, de la perte totale de valeurs. C’est insupportable. Le comportement des élus nous fait honte" a-t-elle encore martelé cette semaine à l'occasion d'une conférence de presse dédiée.
"Viva!" promet "de ne plus jamais honorer, célébrer ou attribuer des noms de rues à des personnalités condamnées pour des faits liés à la corruption, à des propos racistes ou discriminatoires, ou ayant commis des actes répréhensibles" (allusion à peine voilée à la nouvelle rue Jacques-Médecin) ainsi que plus de "la transparence sur l’usage des fonds publics, sur l’attribution des logements sociaux et des places en crèche."
Légèrement moins protocolaire, le colistier David Nakache (connu notamment pour son engagement au côté de l'asso Tous citoyens !) avait beaucoup fait parler en tweetant il y a quelques semaines que l'élection de "Viva!" "mettrait fin au clientélisme et la corruption à Nice."
Le maire Christian Estrosi a annoncé l'avoir attaqué en justice dans la foulée.
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"Mieux répartir" les subventions aux associations
Philippe Vardon propose un nouvel encadrement des budgets de la vie associative, déclarant notamment que "les associations doivent être soutenues parce qu'elles aident les Niçois, pas parce qu'elles aident le maire à être réélu."
Le candidat RN a annoncé qu'il confierait la présidence de la commission Vie associative à un élu de l'opposition, présentant l'idée comme une "mesure d'hygiène budgétaire et démocratique au vu du degré de clientélisme atteint ces dernières années."
Le budget global des subventions aux associations ne serait pas diminué, mais réparti selon "une approche différente."
M. Vardon a également proposé l'instauration d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC) à l'échelle locale, comme nous vous l'expliquions dans cet article.