Dans un nouveau livre, l'ancien ministre de l'Intérieur socialiste Bernard Cazeneuve accuse Christian Estrosi d'avoir sciemment propagé des "informations fausses et frelatées" sur l'attentat de la Promenade des Anglais. Sollicité par "Nice-Presse" ce mardi 1er février, le maire de Nice répond.
"Je viens de prendre connaissance des pages que Monsieur Cazeneuve consacre dans son livre à la plus grande tragédie de l’Histoire de Nice, celle du 14 juillet 2016.
Je pourrais manifester ma révolte, tant elles sont si éloignées de la vérité et ma colère, qu’il vienne évoquer ce sujet dans le cadre d’une campagne présidentielle dans laquelle l’auteur de l’ouvrage cherche à se faire entendre.
Je ne le ferai pas ici et maintenant car ce ne serait pas digne.
Je pourrais m’étonner que l’ancien ministre n’exclut plus désormais des dysfonctionnements dans la conception du dispositif, alors même qu’il a refusé cette nuit là et les jours suivants d’admettre que cette question méritait d’être posée.
Je ne le ferai pas ici et maintenant car ce ne serait pas digne.
À quelques mois du procès, dont les victimes ont besoin pour se reconstruire, il n’est pas digne de rajouter du commentaire politique.
Cette nuit là comme toutes les autres qui ont suivies, je n’ai eu qu’une seule obsession : accompagner les victimes, d’abord au centre universitaire méditerranéen transformé en hôpital de guerre puis ensuite durablement à la maison pour l’accueil des victimes et par tous les moyens.
Il y aurait tant de choses à dire sur le refus du ministre cette nuit là de venir rencontrer les victimes, d’ecarter les collectivités des discussions avec les services de l’Etat, sur ses incohérences au Parlement consignés au journal officiel de la République, sur le manque de médecins légistes qui auraient conduit les corps à rester plusieurs jours sur la promenade des anglais, sur l’attitude du préfet qui avait dès le lendemain choisi de comptabiliser l’auteur de l’attentat parmi les victimes, mais ici et maintenant ce ne serait pas digne pour les victimes.
Aujourd’hui, le ministre et son préfet dont il était si proche nous apprennent qu’ils ont été émus. Même si j’aurai jugé utile qu’ils affrontent la peine des victimes qu’il n’ont finalement pas vue, je le respecte.
En revanche, je ne crois pas que le témoignage d’un ministre qui a passé quelques heures seulement dans notre ville cette nuit là permette une vision complète de la tragédie alors que nous avons passé plusieurs années à porter la résilience de la ville et à panser les plaies de cette tragédie dont nous ne seront jamais tout à fait remis.
Un jour viendra, et il est proche, où le procès fera la lumière sur les faits.
J’ai toujours dit que nous y concourrons car nous le devons aux victimes.
Un jour viendra, où après le procès, je raconterai dans sa totalité cette nuit dont aucune seconde ne sera oubliée.
Mais face à cette initiative politique, pour les victimes, j’ai choisi la dignité."