Récap' - Alors que d'énormes rassemblements contre les violences policières et le racisme systémique secouent les États-Unis, un collectif d'étudiants niçois, soutenu par de nombreuses associations, a appelé à une "marche pacifique" dans la capitale azuréenne. Le préfet promet un vaste dispositif policier.
SOCIÉTÉ — Les deux manifestations interdites : c'est le feuilleton qui a agité la ville toute la semaine. Mercredi 3 juin, comme vous l'annonçait "Nice-Presse", un collectif étudiants se lance dans l'organisation d'une marche pacifique "contre les systèmes oppressifs, les discriminations au sens large (subies par les Noirs, les Arabes, les LGBT+, etc) et les violences policières".
Un autre rassemblement, imaginé par d'autres jeunes, est proposé le dimanche. Soutenu au départ par une association sulfureuse, elle rencontre moins d'écho sur les réseaux sociaux.
Des initiatives similaires ont été lancées à Paris et Marseille les jours précédents, en hommage, notamment, à Adama Traoré et Zineb Redouane, tous deux morts pendant une opération de police, en 2016 et 2018.

Philippe Vardon, patron du Rassemblement national local, est le premier à dégainer. "Je ne laisserai pas le chaos que l’on peut voir actuellement aux USA gagner Nice!" promet-il, quelques heures après l'annonce de cette manifestation, qui n'est pas déclarée en préfecture.
"Je demande au Préfet de prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire les deux manifestations communautaristes et anti-police annoncées ce week-end." — Philippe Vardon

"Les organisateurs, liés à l’extrême gauche, se référent tant au mouvement américain qu’à l’agitation en cours dans certaines villes françaises" accuse le candidat frontiste à la mairie de Nice. "Les deux manifestations présentent des risques de troubles à l’ordre public graves. Nous ne pouvons laisser cette haine stupide s’exprimer dans nos rues."
Le député LR Éric Ciotti communique sur la même ligne jeudi 4 juin au soir, niant l'existence même de violences policières :
"Il n’y a pas de violences policières dans notre pays, il n’y a que des policiers qui font respecter les lois et c’est de plus en plus difficile." — Éric Ciotti
Le maire de Nice Christian Estrosi en appelle à la "responsabilité des citoyens Niçois" et s'en remet à la décision du préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez.
L'étudiante niçoise qui organise la marche pacifiste de samedi contre-attaque dans un long entretien (à retrouver ici) publié le même jour dans nos colonnes.
"Nous allons tout faire pour que l’évènement soit une réussite et que tout ce passe dans le calme. L’esprit même de notre marche, c’est la paix. On manifeste, notamment, contre les violences policières, pas contre les policiers" démine-t-elle notamment.
Vendredi 5 juin, les deux formations de la gauche locale, "Viva!" et "Nice au Coeur", lui apportent leur soutien.
L'évènement peut aussi compter sur de nombreuses associations, dont la Ligue des droits de l’Homme, ADN, le Mrap, le collectif antisfasciste 06, Tous Citoyens ! ou encore la CGT.
En fin de journée, la préfecture fait connaître sa position : "Les manifestations sont interdites pour des raisons sanitaires en vertu de l’article 3 du décret du 31 mai" rappelle Bernard Gonzalez, se basant sur l’état d’urgence sanitaire, dans une communication à la presse.
Le préfet annonce qu’un "dispositif policier spécifique" sera déployé ce week-end, chargé de faire respecter cette interdiction.
Peu importe assure-t-on du côté des organisateurs, qui assurent vouloir maintenir leur marche.
🔴 Info @NicePresse : les organisateurs de la manifestation de samedi contre les #ViolencesPolicieres à #Nice06 maintiennent l'événement, malgré l'interdiction du @prefet06. Ils promettent de communiquer sur "l'esprit de responsabilité et les gestes barrières"
— Clément Avarguès (@ClementAvargues) June 5, 2020
Un entêtement condamné par le Rassemblement national.
Comme je le pensais dès le départ, ces organisateurs sont irresponsables. Le @prefet06 doit s’assurer que l’interdiction soit respectée. Non aux manifestations haineuses et au chaos à #Nice06 ! https://t.co/JNLDVQCJrG
— Philippe Vardon (@P_Vardon) June 5, 2020
Environ 800 personnes ont promis, sur les réseaux sociaux, de se mobiliser ce samedi, de Magnan jusqu'au Palais de Justice de Nice.
Un rassemblement scruté avec appréhension par les autorités.